Cette année, olympiades obligent, nous saurons tout à la télé sur Atlanta. Au programme des réjouissances : Coca Cola, CNN, données démographiques et économiques en tous genres et plus si affinités. Mais déjà, une chose est sûre : dans aucun de ces reportages, il ne sera question de culture, a fortiori de rock. Et pourtant, […]
Cette année, olympiades obligent, nous saurons tout à la télé sur Atlanta. Au programme des réjouissances : Coca Cola, CNN, données démographiques et économiques en tous genres et plus si affinités. Mais déjà, une chose est sûre : dans aucun de ces reportages, il ne sera question de culture, a fortiori de rock. Et pourtant, on sait depuis bien longtemps que la musique est l’un des meilleurs indicateurs culturels de la bonne ou mauvaise santé de l’air du temps (merci Arte de l’avoir compris). Un éventuel bout de pellicule sur la scène rock « atlantaise » démarrerait par une petite visite, en banlieue, des entrepôts à usages multiples qui accueillent, selon l’époque, les mini-congrès lobbyistes, les cours de gymnastique du quartier ou les guitares des groupes de rock sans le rond, comme Toenut. Mûrie à l’ombre des garages, cette pop en a gardé les stigmates et la mauvaise mine. Le teint un peu blafard, les mélodies agréables mais souvent en manque d’oxygène vacillent, les guitares enrouées ne choisissent jamais entre raideur bruitiste et allants mélodiques pour soutenir la voix enjôleuse de leur chanteuse. Une musique de crise, lassée du hardcore mais pas encore rompue aux valeurs pop, en marge du rock.
« J’ai eu le pressentiment que ce n’était pas bon pour moi de rester à Atlanta. Mon groupe Mary My Hope était important là-bas, mais il fallait que j’aille ailleurs, sur un terrain vierge. » Après deux albums avec Mary My Hope, James Hall a donc quitté Atlanta en 1991 pour se réfugier à La Nouvelle-Orléans. Là-bas, sa personnalité généreuse est partie à la conquête d’un univers musical bercé par l’angélisme noir du Bowie des seventies et le psychédélisme. Etouffés par le poids du passé sur l’erratique My love, sex and spirit, ces influences et courants d’inspiration déplient leurs ailes brisées dans ce Pleasure club. James Hall joue d’instinct, ou alors son monde n’est plus en communication avec celui du rock. Déglingué, il drague les atmosphères bleu crépusculaire de Jeff Buckley, troue de cette même voix aiguë et violente des ambiances orageuses, lourdes de blues, et laisse les guitares céder à l’hystérie pour lacérer cet échafaudage instable. Il ne lui manque plus qu’un brin de sérénité pour rejoindre les sons tourmentés et magnifiques du fils prodigue d’Amérique.
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