Pour célébrer les 30 ans de l’événement mondial qui préluda la réunification de l’Allemagne, voici une sélection de morceaux made in ou à propos de Berlin.
Joel Grey, Willkommen (1972) En 1972, le Cabaret de Bob Fosse célèbre le Berlin interlope de l’entre-deux-guerres qui sent déjà poindre la prochaine avec la montée du nazisme en filigrane. Pourtant, the show must go on, faisant à la fois référence à Kurt Weill, L’Ange bleu et à Vincente Minnelli.
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Lou Reed, Berlin (1972) En 1972 aussi, Lou Reed décrit son premier Berlin sur son premier album solo, un an avant de lui consacrer un album entier (considéré comme l’un des plus tristes au monde ever). Quatre ans plus tard, il rend hommage au cabaret sur la cover de Coney Island Baby.
David Bowie, Where Are We Now ? (2013) Compagnon de route du précédent, célébré pour sa trilogie berlinoise dont l’acmé serait Heroes, David Bowie revient à Berlin en 2013 dans une longue errance crépusculaire à la recherche des fantômes du passé, parfaitement mise en image par Tony Oursler. From here to eternity.
Iggy Pop, The Passenger (1977) Entre punk et beat generation, The Passenger aurait été inspirée par un voyage dans le S-Bahn et par la vue sur le mur depuis les mythiques studios Hansa : “I look through my window so bright, I see the stars come out tonight” (“Je regarde à travers ma fenêtre si lumineuse,
Je vois les étoiles sortir ce soir”). “Iggy se détruisait le corps, moi le cerveau”, a déclaré en 1993 David Bowie à propos de cette pourtant fructueuse période berlinoise.
Nick Cave, From Her to Eternity (1984) Comme pour Bowie et Iggy, Berlin fut pour Nick Cave une ville de perdition autant que d’inspiration. Y naissent quelques-uns de ces meilleurs albums et les Bad Seeds avec, notamment Blixa Bargeld, issu d’Einstürzende Neubauten, y assurant la guitare.
Einstürzende Neubauten, Sehnsucht (1981) “Neubau” pour “nouvelles constructions” par opposition à un monde révolu : un choix judicieux pour Einstürzende Neubauten puisque décliné en audaces musicales par ce groupe expérimental qui propose des sons inouïs témoignant du Berlin bouillonnant et avant-garde du moment.
Agitation Free, Malesch (1972) Agitation Free a fourni un batteur à Tangerine Dream et un guitariste à Guru Guru, et auparavant appartenu à la première scène électronique berlinoise qui présida, entre autres, à la création de l’ambient du space-rock (ou kosmische musik), et d’un rock que la presse britannique désignera avec condescendance “kraut”.
Tangerine Dream, Love on a Real Train (1984) Autres membres éminents de cette scène berlinoise des seventies, Tangerine Dream obtiendra un minitube bien des années plus tard avec un de ses morceaux glissé sur la BO de Risky Business, qui révéla Tom Cruise en 1984.
Harmonia & Brian Eno, Luneburg Heath (1976) Impossible de visiter la ville sans Brian Peter George St. John, le Baptiste de la Salle Eno, architecte de la trilogie berlinoise de Bowie, membre fondateur de l’ambient et qui collabora avec Cluster, Harmonia et Conny Plank, entre autres, ingénieur du son de Kraftwerk.
Cluster, Hollywood (1974) Groupe presque jumeau d’Harmonia, Cluster a investi les textures électroniques et atmosphériques combinées à une pop futuriste dès la fin des années 1960.
Malaria !, Your Turn to Run (1982) Collectif post-punk fiévreux à l’existence éphémère, Malaria ! tenait plus du collectif, comprenant des membres de Die Krupps, Die Haute ou Liaisons Dangereuses. En 1982, le collectif fera le tour des Etats-Unis avec – excusez du peu – John Cale, Nina Hagen et The Birthday Party.
Gudrun Gut, Garten (2012) Membresse culte de groupes tels que Einstürzende Neubauten et Malaria !, Gudrun Gut attendra 2007 pour enregistrer son premier album solo, I Put a Record On, franche réussite qui lui permet d’être encore en activité (et avec brio) de nos jours.
Nina Hagen, Born in Xixax (1982) Née à Berlin-Est, Nina Hagen a fait ses humanités punkes à Londres avant de revenir dans sa ville natale, côté Ouest, et y enregistrer ses deux premiers albums mais c’est à New York qu’elle grave, pour le troisième, Born in Xixax, morceau qui évoque le plus explicitement la situation de la RDA/RFA : “One day we will be free we will be for labor day” (“Un jour nous serons libres, nous serons de la Fête du travail”).
Alphaville, Summer in Berlin (1984) Autre salle, autre ambiance avec le groupe godardien Alphaville, certes originaire de Münster qui, outre cet été à Berlin, obtint nombre de succès internationaux comme Forever Young, Sounds Like a Melody ou Big in Japan.
New Order, Singularity (2015) Morceau tardif des très eighties New Order, Singularity s’est fait remarquer autant par sa musique que par un clip vidéo qui a pour singularité de n’être composé que d’extraits du documentaire-ode à la ville B-Movie : Lust & Sound in West-Berlin (1979-1989) où l’on peut voir quelques figures de cette playlist comme Blixa Bargeld, Nick Cave ou Gudrun Gut.
Leonard Cohen, First We Take Manhattan (1988) Créée deux ans auparavant par Jessica Warnes sur l’album Famous Blue Raincoat, First We Take Manhattan avait alors fait l’objet d’un clip où apparaissait son auteur, Leonard Cohen, et où l’on voyait Stevie Ray Vaughan jouer de la guitare sur le Brooklyn Bridge. “And then we’ll take Berlin”…
Neil Young, After Berlin (1982) Attention rareté : on ne connaît qu’une seule version (live) de cet After Berlin, une splendide pépite du loner dont on rêve toujours un jour de découvrir la version studio.
David Hasselhoff, Looking for Freedom (1988) Song of Freedom, produite par Jack White (ex-footballeur du PSV Eindhoven à ne pas confondre avec un futur White Stripes) est interprétée en 1978 par Marc Seaberg (sans rapport avec le groupe créé par Philippe Pascal après Marquis de Sade). Reprise par David Hasselhoff (heureux propriétaire d’une voiture intelligente depuis 1982), elle sera numéro un en Allemagne et Hasselhoff la chantera à Berlin lors du premier réveillon du pays réunifié.
Mstislav Rostropovitch, Suite pour violoncelle n°1 (1989) Né à Bakou en 1927, bien avant le rideau de fer, apatride réfugié aux Etats-Unis, il marque l’histoire et celle du violoncelle en novembre 1989 quand il joue au pied du mur de Berlin s’écroulant des Suites de Johannes Bach, compositeur comme lui connu pour son art de la fugue.
Rufus Wainwright, Tiergarten (2007) Le Tiergaten est un quartier et un immense parc de Berlin dans lequel se trouve le célèbre zoo (qu’on atteint via Zoo Station : coucou U2, comme diraient Véronique & Davina). C’est donc aussi une chanson de Rufus Wainwright sublimée par le Supermayer (duo composé de Michael Mayer et Superpitcher) Lost in Tiergarten Remix.
Ellen Allien, Sehnsucht (2003) Si les pulsations du remix précédent viennent plutôt de Cologne, elles n’en font pas moins écho à l’hyperactive scène electro de Berlin dont les sons irradient le monde depuis les midnineties et dont l’une des figures de proue est l’autrice du magnifique album Berlinette.
Basic Channel, Octagon (1994) La deuxième vague électronique et expérimentale de Berlin suit de près sa devancière des seventies, groupes et collectifs s’interpénétrant sans hésiter à changer d’alias. Ainsi, Basic Channel, association de Moritz von Oswald et Mark Ernestus mute parfois en Maurizio voire en Rhythm & Sound mais toujours au service du dub et de la techno.
Modeselektor, Shipwreck (feat. Thom Yorke) (2011) Gernot Bronsert et Sebastian Szary, tous deux nés en Allemagne de l’Est, intègrent le label d’Ellen Allien, Bpitch Control, et fondent Modeselektor avant de se fondre le temps d’un album avec Apparat pour se transformer en Moderat.
Dettmann & Klock, Dawning (2013) Dettmann, c’est Marcel Dettmann, né à l’est de Berlin et DJ résident qui a forgé l’identité sonore du Berghain. Klock, c’est Ben Klock autre résident du même club et lui aussi berlinois. Et Dettmann & Klock, ça donne Dawning, sorte de précipité du son de ce bastion de la techno d’outre-Rhin.
Pole, Berlin (2008) Originaire de Dusseldörf, Pole est aussi minimal dans ses compositions musicales que dans le choix de titre pour ses albums 1 (1998), 2 (1999), 3 (2000) ou, plus audacieux, Pole (2003). Le tout drapé dans des nappes de ouate qui grattent et crissent mais pour notre plus grand bien.
Alva Noto, Uni Mia (2018) Autre tenant notoire du less is more, Alva Noto, aka Carsten Nicolai et collaborateur régulier du mythique Ryuichi Sakamoto, développe des Prototypes (son premier album en 2000) inclassables et hypnotiques comme ce Uni Mia.
Nils Frahm, All Armed (2019) Actif depuis 2005, Nils Frahm est féru de musique classique et n’hésite jamais à mêler cette passion patrimoniale à des expériences électroniques souvent minimales mais toujours essentielles. Cette année a paru son Encores 3 démontrant qu’il avait encore bien des bottes secrètes sous la semelle.
Parquet Courts, Berlin Got Blurry (2016) Après cette période faite de temps calme, Berlin traverse l’Atlantique pour croiser les indie-rockers new-yorkais de Parquet Courts qui dote la ville désormais réunifiée d’accents typiquement US allant jusqu’à oser la guitare countrysante.
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