Compilateur compulsif, QT met tellement de musique dans ses films que certains morceaux n’entrent pas dans les CD et qu’on a tendance à les oublier. Une porte d’entrée idéale à notre hors série Tarantino.
Link Wray And His Ray Men Rumble (Pulp Fiction, 1994) Pour celles et ceux qui, impressionné.e.s par la BO de Pulp Fiction, s’étaient précipité.e.s chez leur disquaire (parce qu’en 1994, il y avait encore plein de disquaires) et qui n’ont pas voulu reraquer 25 balles (parce qu’en 1994, les boules étaient des balles) pour l’édition collector comportant cinq morceaux supplémentaires, on vous offre ici le Rumble de Link Wray (dont on entend aussi le Ace of Spades, sans rapport avec celui de Motörhead, dans le même film) qui rythme la conversation de Vincent Vega (John Travolta) et de Mia Wallace (Uma Thurman) dans la scène dite « de la cerise ».
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Combustible Edition Vertigogo (The Man from Hollywood, 1995) Quel rapport peut-il donc y avoir entre Quentin Tarantino et Laurent Ruquier ? Vous l’aurez aisément deviné : ce Vertigogo qui ouvre The Man from Hollywood, le segment tarantinesque du film à steches Groom Service (les trois autres étant assurés par Allison Sanders, Alexandre Rockwell et l’amigo Robert Rodriguez) mais aussi, de 2000 à 2007, l’émission On a tout essayé de Laurent Ruquier. Quant à Combustible Edition, groupe de easy-listening (genre populaire entre 1995 et 1996), il était mené par la charmante Miss Lily Banquette.
Roy Ayers Exotic Dance (Jackie Brown, 1996) Baby Love (The Supremes) et La La La Means I Love You (The Delfonics) figurent dans Jackie Brown, le film, mais pas dans Jackie Brown, la BO. Mais, en tout honnêteté, difficile de les faire passer pour des trésors cachés. D’où le choix de cette Exotic Dance de Roy Ayers, extraite de la BO de Coffy, la panthère noire de Harlem (Jack Hill, 1973), film de blaxploitation, genre auquel tout Jackie Brown rend hommage, avec Pam Grier (dans le rôle de Coffy avant celui de Jackie Brown) et à laquelle tout Jackie Brown rend également hommage.
The Guess Who Undun (Jackie Brown, 1996) Injustement écarté de la sélection officielle figurant sur le CD de la BO, le merveilleux Undun de The Guess Who, groupe venu du Manitoba (Canada) et qui connaîtra un retour de hype grâce à la cover d’American Woman que leur infligea Lenny Krawitz (pour la BO d’Austin Powers, autre genre de pastiche d’un film d’un autre genre – en moins réussi). Undun sert ainsi de musique de fond à une dispute d’anthologie entre Louis Gara (Robert DeNiro) et Melanie (Bridget Fonda) qui, sans vouloir spoiler, finiront en très mauvais termes l’un avec l’autre.
The 5.6.7.8’s I Walk Like Jayne Mansfield (Kill Bill Vol. 1, 2003) Des nipponnes The 5.6.7.8’s, tout un chacun se souvient de l’héroïque Woo Hoo qu’elles interprètent dans le House of Blues Leaves. L’occasion d’également se souvenir qu’elles chantent au même endroit et dans le même film I’m Blue et ce I Walk Like Jayne Mansfield où l’on retrouve le goût de Quentin Tarantino pour la surf-music, cette fois à la sauce samouraï, telle que déjà entendue dans Pulp Fiction avec le Misirlou à la sauce Dick Dale & The Del-Tones ou le Bustin Surfboards so vintage des Tornadoes.
Christophe Sunny Road to Salina (Kill Bill Vol. 2, 2004) Des trois aux manettes de la BO de Kill Bill (Quentin Tarantino, RZA et Robert Rodriguez, soit un casting en soi), on serait bien curieux de savoir qui est allé déterrer cet incunable de Christophe composé pour La Route de Salina de Georges Lautner (Les Tontons flingueurs, BO du procès Balakany, Les Barbouzes, Ne nous fâchons pas), seul film de Georges Lautner avec Rita Hayworth dedans, pour accompagner la traversée du désert de The Bride dont on sent que cette traversée l’a bien saoulée et qu’après ça va chier grave (toujours sans vouloir spoiler).
Retrouvez notre hors série « Il était une fois Tarantino » en kiosque et on line
Bernard Herrmann Twisted Nerve (Death Proof, 2007) En bon obsessionnel monomaniaque, Quentin Tarantino est passé maître dans l’art du recyclage. Ainsi de l’usage qu’il fait du Twisted Nerve de Bernard Herrmann, compositeur fétiche d’Alfred Hitchcock, dans Kill Bill et qu’il réutilise pour son film suivant, Boulevard de la mort (Death Proof, pour les puristes). Il réserve un sort différent, mais proche, au Chick Habbit d’April March dont il met un poing d’honneur (voire un doigt) à inclure la french version, Laisse tomber les filles, interprétée par la même toujours dans Death Proof.
https://www.youtube.com/watch?v=fHAkg0O-kwM
Ennio Morricone Mystic and Severe (Inglourious Basterds, 2009) Quentin Tarantino souhaitait Ennio Morricone pour la BO d’Inglourious Basterds, mais ce dernier était déjà absorbé par celle de Baaria de Giuseppe Tornatore. Tarantino n’en inclut pas moins de nombreux morceaux du maestro écrit pour d’autres films comme ce Mystic and Severe pour La mort était au rendez-vous, western spaghetti de Giulio Petroni sorti en 1967. Une pratique cinéphile d’ailleurs généralisée sur l’ensemble du soundtrack comme vous l’apprendrez ci-dessous.
The Arrows The Devil’s Rumble (Inglourious Basterds, 2009) Chaque titre inclus dans Inglorious Basterds est issu d’une musique de film préexistante (pratique courante chez Tarantino : remember Across 110th Street de Bobby Womack qui ouvre Jackie Brown). Ainsi de ce Devil’s Rumble issu des Anges de l’enfer (avec John Cassavetes et Mimsy Farmer en Hell’s Angels). Mais aussi du Main Theme from Dark of the Sun écrit par Jacques Loussais ou du Cat People de Bowie. La part accordée à des scores de westerns spaghetti laisse indiquer que Tarantino est mûr pour s’attaquer au genre.
Luis Bacalov Blue Dark Waltz (Django Unchained, 2012) Ô surprise, le film suivant de Quentin Tarantino, Django Unchained, est bel et bien un western. Adepte des failles spatiotemporelles, le cinéaste avait mis du western spaghetti dans son « film de guerre » Inglourious Basterds, situé lors de la Seconde Guerre mondiale. Il place cette fois du rap (100 Black Coffins par Rick Ross, entre autres) au cœur du XIXe siècle. Mais aussi cette Blue Dark Waltz de Luis Bacalov, empruntée au film Django et sans rapport avec le génial Christoph… Waltz qui interprète le docteur King Schultz.
Ashley Toman Lettre à Elise (Django Unchained, 2012) On enchaîne toujours avec Django Unchained. Un an avant Almodovar, autre cinéaste compilateur compulsif de génie et sa version péruvienne de Beethoven pour Les Amants Passagers, Tarantino choisit la version harpisée de La Lettre à Elise par Ashley Toman afin de créer une ambiance de bon aloi pour une scène d’une rare violence (même si rare violence et Tarantino font deux). De quoi se demander si, des fois par hasard, ce bon vieux Quentin ne serait pas prêt à enchaîner avec un autre western.
Ennio Morricone L’Ultima Diligenza di Red Rock (versione integrale) (Les Huit Salopards, 2015) En 2015, Quentin Tarantino réalise bel et bien son deuxième western d’affilée et parvient à ses fins puisque c’est enfin Ennio Morricone qui est à la baguette de la bande originale. Pas de trésor caché à proprement parler donc mais la preuve que Morricone s’y entend encore pour faire monter la tension dès l’ouverture d’un film. Quentin Tarantino ne peut néanmoins pas s’empêcher de caser un morceau des White Stripes, Apple Blossom, et de s’appuyer sur Gimme Danger des Stooges pour le premier teaser des Huit Salopards.
BONUS TRACK Rachid Taha Jungle Fiction (1995)
Juste retour des choses, Tarantino s’est tant inspiré de musique qu’il était logique que la musique s’inspire de son cinéma. En 1995, sur Olé Olé, l’un des plus grandes princes du métissage, Rachid Taha remouline le début de Pulp Fiction à la sauce orientale et jungle. Juste retour des choses aussi puisque la mélodie du Misirlou de Dick Dale est née en Grèce (ou en Turquie selon certains exégètes) et qu’on en trouve déjà trace à la mode orientale dans les années 1930/40, entre autres, chez Xavier Cugat et son orchestre...
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