Play It Again Sam/Fairplay La collaboration bicéphale Kurt Weill-Bertolt Brecht représente, aux yeux des générations successives de songwriters, l’exemple parfait de la symbiose tant recherchée entre le verbe rare et la mélodie rengaine. Nombreux sont ceux qui y voient même la genèse véritable du rock, ou en tout cas d’une certaine forme d’écriture rock. Il […]
Play It Again Sam/Fairplay
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La collaboration bicéphale Kurt Weill-Bertolt Brecht représente, aux yeux des générations successives de songwriters, l’exemple parfait de la symbiose tant recherchée entre le verbe rare et la mélodie rengaine. Nombreux sont ceux qui y voient même la genèse véritable du rock, ou en tout cas d’une certaine forme d’écriture rock. Il suffit d’ailleurs, pour s’en persuader, de répertorier les reprises de chansons du duo présentes dans nos discothèques (Doors, Bowie ou encore tout le gratin de la compilation-hommage Lost in the stars), sans parler de ceux qui revendiquent haut et fort l’influence (Tom Waits, Nits, Triffids, etc.). Pour la plupart, visiter ce répertoire reste une aubaine pour s’offrir clé-en-main des chansons divinement bien écrites, subtilement arrangées et, surtout, qui jouissent d’une solide caution culturelle. Les Young Gods sont un cas à part. Avant tout, moins qu’un album de reprises de Kurt Weill, il s’agit là d’un album des Young Gods, bourré à en crever de ces sampling, bidouillages, triturations en tout genre. Seul un timide air de carrousel parvient çà et là à extirper sa pauvre maigreur de ce brouet. Le reste n’est finalement qu’un dédale de sonorités urbaines, vides d’esprit et de ludisme, occultant par là-même l’essentiel du propos de Weill dont l’œuvre, malgré la noirceur des textes de Brecht, est dominée par une éblouissante légèreté. Pour s’en rendre compte, se reporter aux versions intégrales de L’Opéra de quat’sous et de Grandeur et décadence de la ville de Mahogany parues chez CBS. Les fans des Young Gods, eux, devraient trouver ça terriblement vulgaire, variéteux même. On a l’avant-garde qu’on mérite.
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