Un album de résistance électronique joyeuse, qui prône l’égalité des genres sexuels et musicaux. Critique et écoute.
On ne sait pas bien si Jean-François Copé, dans sa soif culturelle actuelle, a eu l’occasion, après sa lecture attentive de Tous à poil !, de jeter une oreille au nouveau disque de Planningtorock. On le lui recommande vivement. Il pourrait, écouté entre deux projos du Tomboy de Céline Sciamma, lui chauffer très fort les oreilles.
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Disque hybride et transgenre
Intitulé All Love’s Legal, le troisième album de cette artiste à la croisée de la musique et de l’art contemporain est, comme il l’annonce, un manifeste pour l’amour libre et l’égalité de genre. “You can’t illegalize love”, chante avec raison celle qui se fait désormais appeler Jam (précédemment Janine) Rostron.
Mais l’album de l’Anglaise basée à Berlin ne serait pas un des disques électroniques les plus singuliers et passionnants de ce début d’année s’il se limitait à une succession de slogans politiques balancés sur des boucles électroniques. Queer, ce disque hybride, inclassable et transgenre l’est de bout en bout. Il rappelle à de nombreux égards Shaking the Habitual, le dernier album de The Knife, amis de longue date et collaborateurs de Planningtorock.
Collection de tubes
Mais l’artiste réalise ici un geste plus pop et abordable que celui des Suédois, qui s’étaient farouchement abstenus de s’approcher de près ou de loin à ce qui ressemblerait à un tube. All Love’s Legal offre au contraire une forme compréhensible par tous, la dance-music, et choisit de la travailler et de la subvertir de l’intérieur. Le résultat est un réjouissant labyrinthe électronique, qui semble receler plusieurs disques en un seul.
On y retrouve les tentations art-rock de Rostron, son goût des cordes pincées et des ambiances inquiétantes, son approche plastique et expérimentale de la musique qui rappelle Laurie Anderson. On frissonne sur les très blues Purple Love ou Misogyny Drop Dead, lesquels donnent une petite idée de ce que Janis Joplin ou Nina Simone auraient pu faire équipées d’un sampler. Et on exulte enfin sur Let’s Talk About Gender, concentré d’énergie et de liesse. Que Copé et ses potes soient prévenus : nous voilà joyeusement armés.
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