Entre spleen et euphorie, GIRLS IN HAWAI, groupe belge nonchalant et doué, joue aux montagnes russes.
Car il fait un peu trop gris sur leur plat pays natal, les garçons de Girls In Hawaii ont exilé leur imaginaire non pas sous les cocotiers de Maui, mais vers les contrées irradiées des Beach Boys ou de Grandaddy.
C’est à la source mi-solaire mi-mortifère d’une pop fleurie comme un cimetière que ces six Wallons (deux fois deux fratries plus deux amis) cultivent leurs mélodies jolies. On les avait découverts cinq ans auparavant avec From Here to Here, un premier album serti de petites bombes indie qui en disait déjà long sur leurs voyages intérieurs. Plus dense, plus free, habité d’une mélancolie étrangement radieuse, Plan your Escape réaffirme d’avantage le désir d’ailleurs. Il a vu la lumière du jour dans une chaumière brumeuse des Ardennes et sur la pochette, un cerf nous dévisage. Il est mort, or on dirait qu’il dort. Voilà toute l’ambiguïté de ce disque en mille-feuilles : si léger et complexe à la fois. Au songwritting naturaliste, pour ne pas dire candide (des histoires de fermes incendiées, d’enfants qui s’épanouissent au soleil…), s’oppose une luxuriance d’arrangements orchestrés sur un 24 pistes.
Il y a partout des flûtes, un marxophone (sorte de harpe déguisée en cithare), une mandoline ou un accordéon pour étoffer les polyphonies vocales de Lionel et d’Antoine. Le brelan introductif mettra du power dans les guitares, jusqu’à ce que les cordes sourdes et les échos canins de 5.20.22, les envolées miniatures de Shades of Time et les scintillements météoriques de Fields of Gold ne marquent le point de rupture folk. Plan your Escape procure successivement une pêche ou un bourdon énormes. Quelque part entre le désespoir et l’allégresse, le sucré et l’amertume…
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