On a rarement croisé groupe plus fasciné par l’œuvre de Scott Walker. Jack est sous haute influence et ne s’en cache pas. Nouveau groupe (formé il y a un peu plus d’un an) pour son pas très neuf (formé il y a un peu plus de trente ans). Pourtant, malgré la simplicité apparente de l’affaire, […]
On a rarement croisé groupe plus fasciné par l’œuvre de Scott Walker. Jack est sous haute influence et ne s’en cache pas.
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Nouveau groupe (formé il y a un peu plus d’un an) pour son pas très neuf (formé il y a un peu plus de trente ans). Pourtant, malgré la simplicité apparente de l’affaire, on n’entrera pas très facilement dans la maison que Jack s’est construite. Il faudra prendre le temps de s’accorder quelques paliers de (dé)compression, prendre le temps de bien regarder alentour. Parce que le groupe, avare de ses charmes, a disposé toute une série de pièges destinés à décourager l’auditeur pressé. Et s’il promet des croisements assez révolutionnaires d’influences pas très révolutionnaires Scott Walker et le Velvet Underground , c’est avec une saleté de couplet austère que Jack accueille ses visiteurs, le collage d’une voix un peu crâneuse sur une petite mélodie chiche, pour un résultat pas franchement engageant. On pourrait décider d’en rester là, persuadés d’avoir encore croisé un de ces groupes d’étudiants en art, entré en musique comme on s’invente acteur. Mais agrippés par l’attrait esthétique de ce nom claquant à souhait et de cette pochette à la sobriété charmeuse, les plus têtus contourneront l’agréable Wintercomessummer et sa délicate véhémence que ne renierait pas U2 pour enfin aboutir à l’essence de ce que Jack est peut-être : une version plausible de ce que le grand Scott Walker aurait pu envisager musicalement s’il nous était apparu aujourd’hui, en candidat indie-pop. L’entreprise manque de moyens, de ce souffle ancestral qui traversait les chansons du maître. La voix, pourtant très belle, manque encore d’assurance et les mélodies ne permettent pas ces envolées fulgurantes qui embrasaient hier les refrains de Montague terrace ou It’s raining today. Mais l’envie de décoller est là, le feu intérieur également. Jack s’appuie sur une ambition d’écriture qui fait plaisir à voir et emporte notre adhésion au fil d’un album en faux plats, où ces petits triomphes que constituent Biography of a first son Scott Walker croise Nick Cave , Filthy names et le splendide I didn’t mean it Marie font office de vrais points de départ. Une fois installés dans la beauté humble et simple de leur musique si révérencieuse, les six musiciens de Jack ne lutteront plus contre rien, se contentant de laisser filer jusqu’à son terme cette bande-son sous haute influence. Fragiles et apaisées, deux ballades retenues Dress you in a mourning et Hope is a liar, dignes du meilleur Paul Quinn raccompagneront l’auditeur vers la sortie, sans que celui-ci ait pu croiser l’autre parent revendiqué de Jack, le Velvet Underground, grand absent de l’histoire.
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