Piers Faccini et Seb Martel : deux idées de l’artisanat folk, deux instrumentistes hors pair qui privilégient l’émotion. Et surtout, deux types plutôt discrets et expérimentés, qui sortent ces jours-ci leur deuxième album solo. A découvrir en vidéo et en écoute sur lesinrocks.com.
Sorti en 2004, Leave no Trace, premier album de Piers Faccini, est du genre ? contrairement à ce que laisse modestement entendre son titre ? à laisser des séquelles. Le genre d’album où l’on sait dès la première plage qu’il va falloir s’accrocher. Un petit disque qui, sur un tempo pépère, s’amuse à vous chatouiller les glandes lacrymales au point que vous préférez différer l’écoute intégrale, privilégiant un moment où vous serez plus disponible pour encaisser la grosse claque prévue. La comparaison avec la découverte du Five Leaves Left de Nick Drake est loin d’être arbitraire.
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Et ce diable de Faccini remet le couvert dès le premier titre de Tearing Sky. Si Faccini essaie de tirer des larmes du ciel, il le fait avec la même passion que Thom Yorke sur la section Rain down de Paranoïd Androïd. Each Wave That Breaks sonne en effet comme la complainte de vieux marin de Tom Waits, Innocent When You Dream sur Frank s Wild Years. Vocalement, les murmures ébréchés de Faccini ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux de Will Oldham.
L’anglo-italien qui réside aujourd’hui en France négocie un tournant blues dès le second titre. Alors on regarde les crédits sur la pochette, et on découvre que le producteur de l’album n’est autre que JP Plunier, le producteur de Ben Harper. Ce dernier est d’ailleurs venu avec la très douée Inara George chanter quelques chœurs amis sur le disque. Sur quelques titres comme Sharpening Bone, on croit entendre Faccini accompagné des Innocent Criminals. C’est quand s’invite la kora de Ballake Sissoko, que le ryhtme s’emballe et que la voix décolle sur If I et Talk to Her, qu’on entre dans un folk blues lyrique, sorcier et bancal, faisant la navette entre les continents américain, africain et européen.
Pour découvrir son album, lesinrocks.com vous propose de regarder la vidéo Tearing Sky qui nous raconte les coulisses de son enregistrement. En prime, découvrez par l’écoute le titre Each wave that breaks.
Moins roots que Faccini, Seb Martel est le plus guitariste des cowboys ou le plus cowboy des guitaristes français. Il appartient à une jeune génération de requins de studios qui font exception dans le métier des solistes professionnels et autres arrangeurs d’un jour. Seb Martel est aussi un songwriter, un guitariste à l’extraordinaire faculté d’adaptation ; aussi à l’aise à Bercy au sein du super groupe de M que dans le rôle du chef de chorale pendant le filage d’un concert semi-improvisé et intimiste à la Boule Noire. Martin Gamet, bassiste et percussionniste de Camille, Jerôme Goldet chez Arthur H, ou Vincent Ségal et Cyril Atef (Bumcello) : tous ont participé aux sessions du double album Coitry, deuxième opus de Martel songwriter.
Le premier CD, Country Side alterne des blues folk qui rappellent le Tropicalia de Beck et pourrait aussi bien être la bande son nocturne de Clint Eastwood, période western spaghetti. Roach Rag est un vieux blues allongé dans un rocking chair, rêvant du Mississipi depuis la France. Ma veine est un clin d’œil au frère de Martel avec qui il chante en espagnol dans le groupe Las Ondas Marteles. Salez part 1 & 2 sont des blues progressifs et atmosphériques qui ne tournent pas rond, avec des boucles de voix zouloues de Camille.
En ouverture deCity Limits, Motus délie les bouches. Les voix sont plus libres. On flirte parfois avec le trip hop (To Get Her), mais surtout ce disque permet d’entendre clairement ce que Martel a notamment apporté au Sac des Filles de Camille en terme de mélodie, et à son deuxième album Le Fil en terme de bruitages et de guitares percussives sous influences africaines. Après, Ragalet, sorti en 2003, Martel confirme tout le bien qu’on pensait de lui.
Pour découvrir son album, lesinrocks.com vous propose de regarder la vidéo Coitry qui nous raconte les coulisses de son enregistrement. En prime, découvrez par l’écoute le titre Motus.
– www.sebmartel.com
– www.piersfaccini.com
Avec les aimables autorisations de Corida et Label Bleu
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