Ce fut l’un de ces moments qui donnent l’impression à ceux qui y assistent d’être des privilégiés – et pas seulement parce qu’il s’agit, dans le cas présent, d’un showcase promotionnel réservé à la presse, aux représentants des maisons de disques et aux proches des musiciens. Comme un clin d’œil à son activité de peintre, […]
Ce fut l’un de ces moments qui donnent l’impression à ceux qui y assistent d’être des privilégiés – et pas seulement parce qu’il s’agit, dans le cas présent, d’un showcase promotionnel réservé à la presse, aux représentants des maisons de disques et aux proches des musiciens. Comme un clin d’œil à son activité de peintre, Piers Faccini se produisait le 14 septembre dernier dans un lieu exceptionnel : la chapelle de l’école des Beaux-Arts, rue Bonaparte dans le VI e arrondissement de Paris. Avec ses murs recouverts de toiles, bas- reliefs et sculptures d’inspiration religieuse, l’endroit ressemble à la réserve d’un musée – et pas du tout à une salle de concert. Derrière la petite scène installée spécialement pour l’occasion, une gigantesque statue équestre émergeant à peine de l’obscurité, et encore derrière une fresque (Jugement dernier ?) couvrant tout le mur du fond. Inutile de préciser qu’il n’y pas de bar.
Dans un lieu pareil, où les sons se nimbent d’un écho naturel, le concert risquait de prendre des allures de grand-messe, avec tout ce que cela peut avoir d’intimidant. Mais Piers Faccini, homme aussi humble que talentueux, a visiblement peu de goût pour la pompe, l’emphase et les grandes orgues. C’est bien plutôt une séance de sorcellerie ou de magie qu’il aura offerte aux quelques dizaines de spectateurs. La formation est réduite à l’essentiel : Piers au chant, à la guitare (électrique ou acoustique) et à l’harmonica, un bassiste, un batteur, et un joueur de kora sur deux morceaux, d’autres étant interprétés par Faccini seul. Le set d’une heure environ est composé pour l’essentiel des chansons du deuxième album paru fin août, Tearing Sky. Les musiciens jouent à l’économie, avec un minimum d’effets : l’influence du blues est évidente sur les morceaux les plus électriques, mais l’Italo-Britannique en respecte l’esprit plutôt que la lettre. Aux grands bluesmen du Delta viennent se mêler d’autres spectres : Ali Farka Touré, les Buckley père et fils, Nick Drake, Nusrat Fateh Ali Khan’ Oui, cette altitude-là. En rappel, une reprise d’une chanson napolitaine (racines évidentes, et influence décisive bien que moins décelable que d’autres), suivie du morceau le plus impressionnant du concert. Ca commence par une sorte de drone ou de bourdon, sorti de la basse, puis la voix de Piers s’élève, de plus en plus intense, laissant le public tétanisé, avant que la basse, la batterie et la kora ne mêlent leurs sonorités en un crescendo à couper le souffle. Une heure plus tard, un violent orage s’abattait sur Paris et on ne pouvait pas s’empêcher d’y voir un lien.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Piers Faccini assurera la première partie de la tournée de Ben Harper tout au long du mois d’octobre (à Bercy le 23).
{"type":"Banniere-Basse"}