Depuis qu’il s’est imposé, au tournant des années 90, comme l’un des jeunes musiciens les plus prometteurs de la jazzosphère, Benoît Delbecq, en théoricien un peu fêlé, élabore dans le laboratoire de ses différents orchestres (Kartet, les Recyclers, son nouveau quintette) d’étranges expériences formalistes mêlant les principes harmolodiques d’Ornette Coleman, le primitivisme savant des polyphonies […]
Depuis qu’il s’est imposé, au tournant des années 90, comme l’un des jeunes musiciens les plus prometteurs de la jazzosphère, Benoît Delbecq, en théoricien un peu fêlé, élabore dans le laboratoire de ses différents orchestres (Kartet, les Recyclers, son nouveau quintette) d’étranges expériences formalistes mêlant les principes harmolodiques d’Ornette Coleman, le primitivisme savant des polyphonies pygmées, la discontinuité métrique ultra-sophistiquée des Études pour piano de Ligeti et la rigueur pulsative implacable du groupe Five Elements de Steve Coleman’ Sa musique aventureuse, inclassable à force de tracer sa voie singulière aux confins du jazz le plus libre et de la musique contemporaine la plus élaborée, particulièrement exigeante dans sa quête de formes mouvantes, à la fois spontanées et finement orientées par un réseau de contraintes aussi allusives que précises, est aujourd’hui l’une des plus riches et poétiques qui soit. Son nouveau disque, PianoBook, faux solo piégé d’électronique, lui ouvre encore d’autres horizons : son piano à la fois liquide et percussif, piégé, métamorphosé par une série d’outils (delays, echoplex, filtre Sherman) maniés par son alter-ego, le britannique Steve Argüelles, s’insinue, filtré, transposé, amputé, muté, le tout en direct ? dans des ambiances rêveuses, faussement déambulatoires, fluides et sournoisement étales, toute en miroitements infimes, jeux de textures, dérives des flux et effets de superpositions (d’intensité, de vitesses, de matières…). Une avnture sensorielle passionnante.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}