Au lendemain de leurs deux concerts sold out à Central Park, Christian et Deck de Phoenix reviennent en interview sur le gros carton américain de Wolfgang Amadeus Phoenix, sur la vie sur en tournée aux Etats-Unis, et sur l’amour qu’il provoque chez les yankids.
La conquête de l’ouest, c’est un truc que vous aviez en tête dès les débuts du groupe ?
Deck : Quand on a commencé le groupe, en chantant en Anglais, on avait quand même le rêve de sortir de France. Pas forcément aux Etats-Unis, d’ailleurs, mais au moins en Europe.
Christian : Daft Punk étaient nos copains, Air aussi : ils nous ont permis d’y croire. Mais on pensait que ce serait plus délicat pour nous, parce que nous ne sommes pas un groupe électronique.
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On vous considère comme un groupe français, ici ? En quoi ça peut jouer sur votre percée ?
Christian : Ca joue, c’est certain. Et de manière positive, je pense.
Vous en jouez un peu, sur scène…
Christian : C’est pas faux. On essaie d’être nous-mêmes. Mais comme on chante en Anglais, il y a quelque chose de très important pour nous, qui est de ne pas singer les groupes anglo-saxons. On essaie au maximum de parler de la France, de l’Europe, surtout de l’Europe d’ailleurs, même dans nos textes ; c’est quelque chose qu’on revendique à fond.
Les gens ici vous aiment-ils pour quelque chose de particulier, peut-être pour autre chose que vos fans français ?
Christian : C’est assez flou. On a du mal à répondre à ça.
Deck : Je pense que l’aspect du groupe est tellement loin des clichés du rock américain qu’on est un peu vus comme un animal très exotique. Je crois qu’ils hallucinent sur nos looks. J’ai pourtant l’impression que c’est assez normal! Même physiquement, on est loin des standards américains ; c’est un peu cliché, mais c’est assez vrai…
Christian : On est souvent associés à des groupes comme Grizzly Bear ou Animal Collective –les groupes Pitchfork. D’habitude, on n’aime pas trop être associés, mais là on est plutôt contents… Ce qui change pas mal, aussi, ce sont les codes. On a vu des groupes de pur punk, par exemple, en plein concert, expliquer qu’il y avait une promotion sur leurs t-shirts, tout à 10$, appeler les gens à aller acheter leurs CD… Pour nous, c’est l’opposé du punk, mais pour eux, c’est totalement normal. Tous les groupes rebelles ou super intègres font des trucs que nous on ne ferait jamais –aller serrer des louches aux pontes des médias, prendre des photos super professionnelles avec les mecs des labels. On ne fait pas du tout ça, et on passe ici pour un groupe super austère, on nous l’a dit, on nous a aussi dit que c’était le cas avec beaucoup d’artistes français. Les Américains sont vachement corporate. Même les médias les plus indés ont un truc particulier : leurs bureaux sont ultra professionnels, t’as l’impression d’arriver dans une banque…
Les concerts de Central Park, c’était quelque chose de particulièrement excitant, pour vous ?
Christian : Il a d’abord été question d’un concert à New York. Puis on nous a proposé Passion Pit comme première partie. Puis on nous a offert de jouer à Summerstage, en plein Central Park : difficile de refuser… Le plus fou est que le premier concert a été sold out en très peu de temps, et ils ont décidé d’en ajouter un deuxième, sold out très rapidement aussi. C’est vraiment génial, spécial. Le lieu était extraordinaire ; de la scène, on voyait la foule, la végétation et, au loin, les immenses gratte-ciel… C’est un peu le summum.
Deck : C’est de toute façon à chaque fois une forme de summum pour nous -on est passé par tous les types et tailles de salles à New York, de manière progressive. Mais là, il y a clairement quelque chose de très spécial dans le fait de jouer à Central Park.
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