A la vue de la pochette de « The Absence », tout collectionneur de disques normalement constitué doit avoir rejoint les bancs des pronumériques. Edito.
Jusqu’à présent, on comptait, dans le paysage musical, deux profils d’auditeurs. Ceux qui vantaient les mérites de la musique dématérialisée et ceux qui résistaient en rappelant l’importance de l’objet. Les premiers se plaisaient à souligner les vertus pratiques de la musique numérique, ravis d’avoir fait de la place sur leurs étagères Ikea. Les seconds ripostaient en évoquant l’affection liée au disque en tant que tel, à son livret et à sa pochette…
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Et puis il y a eu le dernier album de Melody Gardot. On le dit en souriant car son contenu fut recommandé dans ces pages : à la vue de la pochette de The Absence, tout collectionneur de disques normalement constitué doit avoir rejoint les bancs des pronumériques. Sur le visuel, Melody Gardot pose, quasiment nue, les mains dans les cheveux, dans une position qui suggère qu’elle est une sacrée coquine et que l’air marin lui fait du bien. Elle n’appartient plus au monde des mortels, celui où tout projet de poser son corps nu sur des petits rochers débouche implacablement sur la conclusion que ça fait mal aux fesses. Non, Melody Gardot est lovée sur sa pierre, transie devant ce qu’on devine être la mer – la musicienne ferait-elle l’amour à la nature ?
Pour représenter cet océan qui s’offre à son corps alangui, le graphiste de la pochette a choisi une palette de couleurs ésotérique. Il y a là du bleu turquoise qui dit que tu retrouveras le bonheur en exposant une pierre tibétaine sur ta cheminée. Le tout est agrémenté des noms de l’artiste et de l’album manuscrits, probablement jetés sur papier par la chanteuse avant d’aller s’étaler à poil sur les cailloux. De l’album, on a dit qu’il mariait joliment tango, samba et fado. On peut donc aussi l’acheter dans sa version digitale.
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