Sur un troisième album qu’il a voulu comme “un disque d’orchestre lo-fi”, le Suédois Peter von Poehl confirme ses talents de mélodiste. Critique et écoute.
Peter von Poehl n’est visiblement pas du genre à buller. Si le Suédois n’a pas publié d’album depuis quatre ans – et son deuxième disque May Day –, il a cependant multiplié les projets parallèles. “J’avais commencé une série de concerts en 2006 pour la sortie de mon premier album, qui ne s’est pas interrompue avant 2010. Du coup, j’ai ensuite eu envie d’arrêter tout ça pour pouvoir reprendre d’autres projets, me plonger dans des collaborations.”
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
On l’a ainsi entendu mettre son écriture au service du septième art. Il a signé la musique originale du dernier film de Valérie Donzelli, Main dans la main. Il a en outre composé celle d’un film lituanien à paraître, Vanishing Waves de Kristina Buozyte. On l’a également aperçu, sur scène, mettre en musique les poèmes de Marie Modiano. Enfin et surtout, il a enchaîné les concerts, multipliant pour cela les configurations. “En 2010, on m’a proposé de faire un concert avec un orchestre à l’occasion d’un festival d’été. J’y ai vu une excellente excuse pour commencer à écrire un nouveau disque. L’album a d’abord été composé pour la scène, testé en concert. Ça m’a permis d’essayer les chansons et de voir ce qui manquait pour constituer un disque.”
Petit à petit, Peter von Poehl a ainsi peaufiné, arrangé les dix morceaux que déroule aujourd’hui Big Issues Printed Small. Si sa préparation fut longue, le disque a en revanche été enregistré en une seule journée. Retrouvant son fidèle studio, Aerosol Grey Machine, niché dans la campagne suédoise, près de Malmö, il a convié le clavier de The Soundtrack Of Our Lives, Martin Hederos, l’ingénieur du son Christoffer Lundquist ainsi qu’un orchestre de musiciens classiques suédois.
Un dimanche d’automne, tout ce beau monde a joué les chansons du disque, les unes après les autres, peu importe les erreurs ou les petites imperfections. “En changeant de méthode, je voulais échapper à mes réflexes, mes automatismes. J’ai l’impression qu’il y a un danger avec la technologie moderne, car on cherche à tout rectifier. On multiplie les manipulations dès que quelque chose ne va pas. Or, je pense que ça enlève quelque chose de bien au final. Je voulais donc faire un album en perdant un peu le contrôle.”
De cette façon, Peter von Poehl explique avoir voulu agencer “un disque d’orchestre lo-fi” et la mission est très bien accomplie. Big Issues Printed Small porte en effet parfaitement son nom : il dévoile de classieux arrangements, des cascades de cordes baroques délicates, mais sans jamais noyer la fragilité et l’humanité qui caractérisent, depuis ses commencements, les enregistrements du noble Scandinave. De To the Golden Rose à The Archaeologist, von Poehl agence des petites symphonies de poche, des aubades bricolées, comme le fit à la grande époque Neil Hannon (Lover’s Leap, Pious Man). On l’écrit nous aussi en petit, mais notre affection pour lui est grande.
{"type":"Banniere-Basse"}