Doherty a 30 ans, s’appelle désormais Peter et a retrouvé son songwriting d’antan pour un joli premier album solo. Plus sincère et loquace que jamais, il se souvient de son enfance dans une base militaire, de ses débuts avec les Libertines et avec la drogue dans un entretien fleuve.
Ne trouves-tu pas positif que l’histoire des Libertines n’ait pas été trop longue ? Que le groupe n’ait pas eu le temps de vieillir ?
Cette histoire a duré sept ans tout de même. Le groupe n’a pas vieilli, mais c’était quand même un peu le bordel. Très chaotique. La relation entre Carl et moi avait implosé avant que nous ne devenions célèbres. Carl ne me manque pas aujourd’hui car j’ai vraiment tout fait pour que nous puissions retravailler ensemble. Ça n’a pas marché, ça signifie donc que ça ne devait pas se faire.
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As-tu déjà eu la tentation de reformer les Libertines pour l’argent ?
J’ai essayé de reformer le groupe car on avait d’énormes propositions financières pour jouer à Reading ou dans les festivals d’été. J’ai demandé à Carl ce qu’il en pensait et il m’a dit que je devais d’abord aller consulter son gourou, une sorte de conseiller en énergie, pour qu’il confirme que je n’étais plus entouré d’obscurité et d’énergie négative susceptibles de saper la sienne. C’était assez blessant. Comme si j’étais une sorte de mauvais Jedi.
Est-ce que tu te considères comme un survivant ?
J’ai l’impression effectivement d’avoir survécu à beaucoup de choses. Quand on est héroïnomane, il arrive qu’on vous pose un implant et ça fout la merde dans votre corps et votre tête. Je n’en ai pas eu besoin depuis un an et demi, mais j’en ai eu quatre auparavant. A chaque fois que je revis ça, j’ai l’impression d’avoir été renversé par un bus pendant deux mois. Je me demande toujours comment je vais m’en tirer.
Il paraît que tu as eu ta première carte Visa il y a quelques semaines. Comment faisais-tu avant ?
C’est juste une carte de retrait… Et je l’ai perdue. J’ai l’habitude de tout gérer avec du liquide, de la main à la main. L’argent ne reste jamais, il s’envole toujours. Je n’ai jamais été riche, j’aurais pu l’être, je devrais probablement l’être d’ailleurs. J’ai besoin de personnes autour de moi pour veiller sur ça.
[attachment id=298]Ian McCulloch, du groupe Echo & The Bunnymen, dit avoir perdu beaucoup d’amis, notamment à cause du succès. Est-ce ton cas ?
Je n’ai jamais été un mauvais garçon, je ne suis pas intrinsèquement méchant, je n’ai, par exemple, jamais volé d’argent à mes grands-parents ou arnaqué quelqu’un méchamment. Mais j’ai perdu beaucoup d’amis à cause de mon comportement, parce que j’ai souvent été en retard et que j’ai posé pas mal de lapins. Ce n’est pas grave car je n’ai pas vraiment besoin d’en avoir, je suis habitué à être seul depuis l’école et j’aime ça. D’ailleurs, je n’ai jamais pris de drogues parce que j’étais malheureux. C’était juste une erreur. Plus tard seulement, j’ai compris que j’essayais de me détruire, mais à la base j’allais bien.
Est-ce que le fait d’écrire des chansons peut t’aider à te sentir bien ?
Peut-être. Back from the Dead, c’est une chanson particulière par exemple. J’y parle du fait de revenir de chez les morts, des endroits sombres, des trains fantômes, des pièces sans lumière. Dès que je me retrouve en prison, je rêve du moment où je pourrai retrouver ma guitare et composer. Et les retrouvailles sont toujours émouvantes.
A quoi penses-tu aujourd’hui lorsque tu vois une photo de toi enfant ? J’essaie de me souvenir à quoi je pensais. Petit, je faisais cette chose bizarre : je me promettais de me souvenir à jamais de ce que j’avais à l’esprit à un moment, même anodin. 17 novembre 1987, trois heures et demi de l’aprèsmidi. Au final, j’ai tout oublié.
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