Doherty a 30 ans, s’appelle désormais Peter et a retrouvé son songwriting d’antan pour un joli premier album solo. Plus sincère et loquace que jamais, il se souvient de son enfance dans une base militaire, de ses débuts avec les Libertines et avec la drogue dans un entretien fleuve.
Tu auras 30 ans dans quelques jours. Est-ce que ça te fait peur ? Tu disais il y a quelques années entretenir une mauvaise relation avec l’avenir.
Ça fait un peu peur, oui… Depuis quelques semaines, mes amis plaisantent à ce sujet, donc il doit y avoir quelque chose de drôle. Trente ans, c’est assez vieux, n’est-ce pas ?
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Pourquoi as-tu senti le besoin de faire un album solo ?
J’avais trop de chansons en attente, des chansons qui fonctionnent parfaitement sans groupe. Leur atmosphère est plus détendue, plus lente, moins agressive. Les laisser de côté, ça aurait été du gâchis. C’était le moment de les récupérer.
Tu as à nouveau travaillé avec Stephen Street (célèbre pour avoir produit les Smiths, Morrissey ou Blur) et pour la première fois avec Graham Coxon, le guitariste de Blur. Qu’ont-ils apporté à ta musique ?
Stephen Street est professionnel dans sa manière d’aborder les choses. C’est quelqu’un en qui je peux avoir confiance. Il avait lui-même beaucoup travaillé avec Graham Coxon, pour Blur. Je me souviens de la première fois que j’ai entendu ce groupe. Quelqu’un à l’école m’avait prêté une cassette, il y avait les chansons Bank Holiday et Chemical World. Graham Coxon a tout de suite été un peu comme un héros. Par la suite, on s’est rencontrés et on s’est bien entendus, c’est un homme assez timide. Il est réservé, silencieux. Il marmonne beaucoup, un peu comme moi. Et il est aussi né un 12 mars.
[attachment id=298]Il ne se passe pas une année sans qu’on entende un de tes nouveaux projets. Tu composes sans arrêt et tu joues en permanence. Qu’est-ce que tu aimes lorsque tu es sur scène ?
Les visages des enfants (rires)… Et l’argent. Pourtant, je ne me sens pas bien sur scène. Ce n’est pas une partie de plaisir, parce que je suis timide, parano et angoissé. La plupart du temps, j’ai ce sentiment affreux, comme si, d’un seul coup, j’étais pris au piège. Piégé par des choses que j’aurais dû faire et que je n’ai pas faites. Répéter, par exemple. Je hais ces moments où je suis coincé dans les coulisses sachant que je ne peux pas quitter les lieux car je vais devoir jouer. La plupart du temps, je ne veux pas monter sur scène, je le dois.
C’est avec la musique que tu as eu l’impression d’avoir ta place pour la première fois ?
Non, c’est probablement quand je suis allé à l’école. Je regardais ma soeur, qui a un an de plus que moi, aller à la maternelle et je mourais d’envie de l’accompagner. Je me sentais exclu. Je me souviens que pour mon premier jour d’école, j’ai mangé des Rice Krispies au petit déjeuner. Il neigeait, c’était en Allemagne. C’est la première fois que j’ai eu la sensation de faire partie de quelque chose. J’ai bien aimé l’école au début. Surtout pour la pâte à modeler et les dessins. Mais c’est ma mère qui m’a appris à lire et à écrire à la maison.
Comment as-tu découvert la musique ?
La musique n’avait pas vraiment sa place à la maison. Il y avait quelques disques des Beatles, bien sûr, mais pas grand-chose. En revanche, ma soeur chantait tout le temps. Des chansons idiotes qu’elle inventait, parfois avec moi. Je la taquinais souvent. Elle avait inventé une chanson qui faisait “you could see a shadow on the pavement, you could see the clouds”. Je lui ai dit que je l’avais déjà entendue à la radio et elle s’est mise à pleurer. Je mentais bien sûr. Puis j’ai découvert la musique par moi-même. En me promenant en ville le samedi matin. Je me baladais dans les vieux magasins de disques et je suis tombé sur les pochettes des singles des Smiths. Je me souviens notamment de I Started Something I Couldn’t Finish. J’avais 15 ans.
Tu te souviens de la première fois où tu as joué de la guitare ?
A 11 ans, je crois. Je vivais en Irlande du Nord et il y avait ce petit magasin de musique, avec une pièce à l’étage où une vieille dame et un vieux monsieur donnaient des cours de piano et de guitare. Ma mère nous y a envoyés, ma soeur et moi. Je n’aimais pas ça. Puis quand j’ai eu 16 ans, j’ai eu très envie d’apprendre. Je prenais beaucoup de plaisir à jouer, mais je n’étais pas bon. Et à ma majorité, j’ai rencontré Carl (Barât, guitariste des Libertines – ndlr). C’est lui qui m’a vraiment appris à jouer.
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