Ce disque a plus de vingt-cinq ans ! Aujourd’hui, Terry Riley a délaissé l’orgue électrique pour le grand piano de concert ou le synthétiseur… Rien ne prédestinait ce compositeur sériel californien à imaginer une musique tournée vers l’extase à partir de longues boucles répétives. Et pourtant, qui sait que ce pionnier du minimalisme américain (aux […]
Ce disque a plus de vingt-cinq ans ! Aujourd’hui, Terry Riley a délaissé l’orgue électrique pour le grand piano de concert ou le synthétiseur… Rien ne prédestinait ce compositeur sériel californien à imaginer une musique tournée vers l’extase à partir de longues boucles répétives. Et pourtant, qui sait que ce pionnier du minimalisme américain (aux côtés de LaMonte Young), avant de composer l’ineffable In C qui marqua tant de musiciens, était venu en France, au début des années 60, étudier à la radio (l’ORTF) et expérimenter ses premières manipulations sur bande magnétique ? Le soir, Terry jouait au piano dans les bars quelques airs entêtants ou, au mieux, improvisait à partir de standards de jazz. De retour aux Etats-Unis en 1963 à San Francisco, il continue, comme à Paris, ses recherches en studio tout en jouant dans les clubs de jazz. Développant son système d’écho pour l’orgue ou le saxophone (son second instrument) à partir d’un simple magnétophone, Terry imagine plusieurs partitions qui feront beaucoup pour sa réputation : In C, puis Dorian reeds (1965), Poppy Nogood and His Phantom Band et Rainbow in curved air (1969). C’est lorsqu’il commence à étudier le chant indien avec Pandit Pran Nath au début des années 70 qu’il enregistre, l’une à Los Angeles, l’autre à Paris (au Théâtre de la Musique), ces deux versions de Persian surgery dervishes, longue improvisation à l’orgue seul : « J’étais fasciné depuis longtemps par la musique indienne, avant de rencontrer Pandit Pran Nath. Mais cela prend du temps de l’étudier car elle n’est pas notée. Il n’existe pas d’ouvrages théoriques : l’enseignement se transmet oralement et vous devez tout mémoriser. » Si ce disque connut des fortunes diverses et une distribution plus que confidentielle sous son format vinyle, en revanche sa réédition CD est l’occasion de le redécouvrir, sans qu’il soit absolument nécessaire de se replonger dans l’atmosphère baba, avec pattes d’eph’, chemise indienne, fumée bleue et peace and love… Juste pour le plaisir d’écouter un musicien improviser à partir d’une mélodie d’une grande simplicité et jeter d’immenses drapés aux reflets multiples. Le temps s’est arrêté sur les Dervishes de Terry Riley, à la manière d’un hymne liturgique, lent et processionnel. Rien, ou presque, ne semble perturber le rythme immuable de cette déferlante.
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