L’acteur Penn Badgley campe le Mistery White Man dans un film présenté à Toronto. Une résurrection a priori pas hyper alléluia.
1. Le mythe Jeff Buckley
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Talentueux, sensible, beau, drôle, doux, créatif, apte à créer de grands moments d’intensité, Jeff Buckley fut jadis une machine à fantasmes. Sa courte vie appartient désormais à la mythologie des années 90, cette décennie marquée par les pendentifs masculins hasardeux et ceux qui les portaient : de jeunes garçons tristes, géniaux et éventuellement, selon la formule consacrée, “partis trop tôt”. Idole des jeunes filles comme des mélomanes (remember, circa 1995, la double page sur Jeff Buckley dans le magazine pour prépubères Star Club), Jeff Buckley et la poésie qui se dégage de sa légende semblent être un parfait sujet de biopic. Après de nombreuses péripéties (en 2001 déjà, Brad Pitt devait incarner le chanteur, un projet avorté en raison de l’opposition systématique de la mère de Jeff Buckley), et quinze ans après sa mort, voici donc une première réalisation intitulée Greetings from Tim Buckley et présentée début septembre au Festival de Toronto.
http://www.youtube.com/watch?v=xBm-e-BW898
2. Le biopic
Alors qu’un autre film – fondé sur les écrits de Jeff Buckley – est en préparation, ce premier essai dirigé par Daniel Algrant revient sur la vie du chanteur durant les jours qui ont précédé l’hommage rendu à son père Tim Buckley, en 1991. Un événement qui lancera sa carrière et constituera un tournant dans sa vie personnelle. Dans le rôle principal, alors que les rumeurs évoquaient James Franco, Robert Pattinson, ou Jared Leto, c’est un acteur de série qui a décroché le gros lot. Penn Badgley, aka Dan de Gossip Girl, semble s’être ici perfectionné dans le rôle du BG habité par le doute. Ainsi, sur cette photo extraite de la bande-annonce, plisse-t-il les yeux en chantant de manière hyperappliquée, comme le font tous les poètes torturés.
Toutefois, même en multipliant plusieurs techniques Actors Studio, il n’est pas facile de se départir d’un rôle tenu six saisons durant dans une série à grand succès. D’autant que, contrairement à Last Days de Gus Van Sant, essai fictionnel sur les derniers jours de Kurt Cobain interprété par Michael Pitt (Dawson Creek), la bande-annonce de Greetings from Tim Buckley laisse plutôt envisager un long métrage fleurant bon le téléfilm sirupeux de milieu d’aprèm sur M6. À voir.
>> A lire aussi : Ça casse : Jeff Buckley par Mathilde Carton
3. L’éternelle reprise
Jeff Buckley porte le nom d’un père qu’il n’a jamais vraiment connu et doit sa popularité à une chanson dont il n’est pas l’auteur. Le grand public le connaît en effet à travers sa reprise d’Hallelujah (Leonard Cohen), qui lui a très souvent été créditée dans les radio-crochets modernes. Sa version passe désormais régulièrement à la radio (elle a même été sacrée numéro 1 des téléchargements aux États-Unis en 2008 après la reprise d’un candidat d’American Idol) et il est devenu difficile de ne pas se perdre dans les rééditions et les morceaux rereremastérisés. Dans cette perspective, il y a quelques années, un site internet imaginait une lettre
du chanteur envoyée de l’au-delà. Extrait :
“Et si on ARRÊTAIT DE SE FAIRE DES THUNES SUR LE DOS DE MA MORT (TRAGIQUE). Quoi d’autre ? Ouais, je vais vous le dire, parce que Jésus m’a rencardé. Voilà les prochains albums que vous allez vous sentir obligés d’acheter : Grace, mais un peu plus fort cette fois ; Last Goodbye, seulement le son des guitares ; My Sweetheart the Drunk, la chanson numéro 4 est maintenant la chanson numéro 1…”
Force est de constater qu’il avait oublié toutes les possibilités qu’offre aussi, en termes de récupération, le cinéma.
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