Patti Smith : la force de l’esprit

Quand elle ne mange pas symboliquement les morts, Patti les visite. Dans Dream of a Life, le beau documentaire du réalisateur Steven Sebring qui a suivi la chanteuse pendant onze ans, on la voit se recueillir sur plusieurs tombes dont celles d’Allen Ginsberg, John Keats, William Blake et bien sûr Arthur Rimbaud à Charleville où, lors de son premier voyage en France, elle a déposé des perles de verre bleues venues d’Ethiopie. Pour celle de Jim Morrison, ce fut un bouquet de jacinthes. “J’aime les cimetières. Je n’ai jamais trouvé ça déprimant ou morbide. Quand je vais me recueillir sur la tombe de Susan Sontag au cimetière du Montparnasse, je suis très émue alors que je ne la connaissais pas. J’en profite pour aller aussi sur la tombe de Brancusi, que je n’ai pas connu non plus. Je dirais même que j’éprouve à visiter un cimetière une certaine excitation qui n’est pas loin d’égaler celle des enfants en route pour un parc d’attractions. Parfois je viens avec des fleurs, parfois avec un carnet de notes. Je m’assieds et j’écris. Cela dépend. Quand je rends visite à mon mari à Detroit, il m’arrive de lui parler. Parfois je pleure ou je reste assise et laisse mes pensées m’entraîner.”

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Chez elle, à New York, elle conserve les cendres de Robert Mapplethorpe, de son père Grant Smith et du chien Sheba. De la fidélité par-delà la mort, le chien est sans doute la figure la plus emblématique. Dans Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, livre qui a inspiré, entre autres, la chanson des Rolling Stones Sympathy for the Devil, on trouve un chien qui va rester fidèle à son maître (le procurateur Ponce Pilate) pendant deux mille ans. Son nom est Banga. C’est aujourd’hui le titre du disque le plus vivant de Patti Smith depuis longtemps.

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