Le “hippie with guns” a rechargé son barillet de mélodies dans les ghettos de Sierra Leone et de Kingston. Critique et écoute.
On peut ricaner bêtement devant le clip de Cry Cry Cry : des adolescents armés de barres de fer y saccagent des bureaux vides, déchirent des dossiers en carton et renversent des armoires en contreplaqué. Pendant ce temps, Patrice chante au milieu du bordel bureautique et sauve une fillette paniquée par toutes ces boulettes en papier… Ridicule, un peu. Dommage pour la chanson surtout, car ce redoutable tube reggae-funk traversé par une guitare digne de The Police période fin des années 70 méritait beaucoup mieux.
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Voilà qui ne risque pas de dissiper le malentendu à propos de Patrice. Le beau gosse est encore trop souvent perçu comme un crooner pour midinettes, une gueule d’ange aux mélodies mièvres et futiles. En réalité, il est exactement l’inverse : un artiste en mission. S’il ose parfois des refrains prosaïques, “peace and love”, il use aussi de cette écriture rasta faussement naïve qu’affectionnaient Tosh et Marley pour fustiger le “shitstem” de Babylone.
Pour ce nouvel album inspiré par ses séjours en Sierra Leone, le pays de son père, il a réalisé un court métrage sur les gangs dans le ghetto de Freetown. Il a aussi enregistré à Kingston avec des stars du dance-hall comme Busy Signal et des voix anonymes qui méritaient d’être mise en lumière, telle la surprenante Ikaya. Au final, sa formule reggae-soulpop n’a pas beaucoup changé, mais la coproduction des albums de Selah Sue et de Cody Chesnutt (qui l’accompagnent ici à leur tour) semble avoir régénéré ses propres mélodies. The Rising of the Son est ainsi sans doute son meilleur disque, où culmine le terrible dub Hippies with Guns, dont le titre peut résumer à lui seul l’artiste et sa musique.
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