Amp a toujours su garder la tête et les épaules hors du phénomène d’homogénéisation qui semble progressivement gagner l’univers du space-rock lo-fi. Si elle possède à un moindre degré le clinquant pop de Flying Saucer Attack et le génie baroque de Third Eye Foundation, la musique incroyablement prolifique d’Amp est sans pareille pour résister à […]
Amp a toujours su garder la tête et les épaules hors du phénomène d’homogénéisation qui semble progressivement gagner l’univers du space-rock lo-fi. Si elle possède à un moindre degré le clinquant pop de Flying Saucer Attack et le génie baroque de Third Eye Foundation, la musique incroyablement prolifique d’Amp est sans pareille pour résister à l’usure des kilomètres. Passé, présent documente Amp à travers ses singles des premiers essais pop gonflés par la présence à ses côtés de Third Eye et Crescent jusqu’aux récents tours du monde commentés par son indéfinissable porte-parole. C’est que la Française Karine c semble être ni femme ni homme. Elle place des vocalises graves, touchantes dans leur inadéquation, humanisant une musique monolithique, sans date, sans âge, sans sexe. Car ce qui préoccupe Amp, c’est de réaliser une banque de données à partir de nos rêves. Si guitares et échos sont les instruments de cette évocation, Amp sait aussi montrer le vrai son des choses, laissant l’auditeur chercher son chemin dans une gare (Noir et noir), faire du surf dans les rouleaux (Ombres), suivre le chat dans sa gouttière (Le Chat petit). Difficile de trouver une ascendance à cette musique à croire qu’elle se compose spontanément, se nourrissant de vagues émanations dub, pop, ambiantes ou psychédéliques.
Si Amp trace tranquillement son chemin dans l’inconnu sans avoir à se soucier d’éventuels voisins, Soundsmith préfère balayer la pop à sa façon : en éliminant tout ce que le style peut contenir d’éléments sécuritaires. Ainsi, il déconstruit et reconstruit sa cathédrale de sons, un peu comme si My Bloody Valentine ou Spiritualized avaient pu composer des Loveless ou Lazer guided melodies à l’âge de 3 ans, dans un grand élan mélangeant joie naïve et abandon total. Un miracle qui a lieu d’être tempéré, car si Amp a su adapter son univers à ses moyens limités, on sent Soundsmith pleurer au chevet d’un premier album dont la richesse et l’improbable nouveauté ne deviendront accessibles à tous que lorsque existera le Dolby Z. Depuis AR Kane, peu de groupe pop auront pourtant fait un tel bond dans le futur.
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