Des mélopées belles et étales comme une BO de Wong Kar-Wai
Ça commence par une mélodie aux airs de nuage de chaleur suspendu dans le temps. Passagenweg, le quatrième album du Français Pierre-Yves Macé, est une pelote de mémoire qui se dévide avec douceur. Cette musique-là agit comme un vieux film retrouvé par hasard et qu’on se dépêcherait de regarder, à la recherche d’un passé qu’on ne faisait qu’inventer. Macé est un tout jeune compositeur qui poursuit un travail de correspondance entre musique électro-acoustique (par exemple pour le label Sub Rosa) et art sonore. Il s’est même aventuré en eaux pop aux côtés de l’écrivain Mathieu Larnaudie, qui rédige les notes de pochette de cet album et livre quelques indices sur le sens (géographique et sémantique) de Passagenweg. Il s’agit d’une transcription du Livre des Passages dans lequel Walter Benjamin décrivait les passages parisiens et y trouvait matière à méditation sur la modernité. Passagenweg marche sur les pas du philosophe mais sans la ramener : il convoque un écheveau de sons de la ville qu’il entrelace à des samples de 78 tours des années 30. On se croirait parfois dans un film de Wong Kar-Wai : ces mélodies du passé découpées, malaxées, forment une merveilleuse pâte à savourer comme un voyage ambient dans le temps et l’espace. Une BO mentale très émouvante.
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