La grande prêtresse folk française Emmanuelle Parrenin et le musicien electro allemand Detlef Weinrich signent avec “Jours de grève” un album en liberté alliant superbement goût de l’aventure et sens de l’épure.
Figure iconique de la scène folk française, sur son versant le plus expérimental, la chanteuse et musicienne Emmanuelle Parrenin doit ce statut en particulier à son splendide premier lp solo, Maison rose (1977), objet d’un culte fervent. Après une longue éclipse, elle gravite à nouveau dans le circuit musical depuis une dizaine d’années, ayant effectué un retour éclatant avec l’album Maison cube (2011).
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Membre fondateur du très bon groupe post-Krautrock Kreidler, auteur de plusieurs disques remarquables en solo sous le (délicieux) pseudo de Tolouse Low Trax, Detlef Weinrich évolue aux avant-postes de l’électronique germanique. Il œuvre également au sein du Salon des amateurs, prospectif collectif basé à Düsseldorf.
L’initiative d’une collaboration entre ces deux têtes chercheuses revient au DJ et producteur français Gilb’R, par ailleurs directeur du label Versatile – qui fête ses 25 ans d’existence en 2021. “J’avais envie depuis plusieurs années de monter un projet avec Emmanuelle, explique Gilb’R. Un jour, l’idée d’une collaboration avec Detlef m’est apparue comme une évidence. Cette idée leur a plu à tous les deux et elle s’est ensuite concrétisée très simplement.”
Au son des manifestations
Après quelques sessions préparatoires, un album a ainsi été enregistré dans les studios parisiens de Versatile en décembre 2019, au début du grand mouvement de contestation contre la réforme des retraites – d’où le titre, Jours de grève. “Cela générait une atmosphère particulière, qui a forcément imprégné – au moins un peu – la musique en train de se faire”, observe Gilb’R.
Intervenant en fin d’enregistrement, le saxophoniste Quentin Rollet et le sorcier sonore Ghédalia Tazartès traversent également cet album hors de tout dogme. Conçu avec une spontanéité maximale puis minutieusement mixé par Jan Schulte, autre (jeune) membre du Salon des Amateurs, il contient huit morceaux tendus vers l’inconnu autant que vers l’épure.
Tout en pulsations rythmiques et incantations poétiques obsédantes, le premier morceau (Le Couple coupable) s’envole à très haute altitude. Les sept suivants s’inscrivent dans le même sillage sidéral. Planant superbement entre folk cosmique et électronique fantasmagorique, l’ensemble est un joyau de libre musique.
Jours de grève Versatile
{"type":"Banniere-Basse"}