1983, il y a plus de dix ans déjà/Le hip-hop en France faisait ses premiers pas/Il n’y avait pas de règle, pas de loi/Tout était clair, du but à la manière. Aujourd’hui comme hier, NTM s’attache à en défendre “la mémoire et l’éthique, les valeurs essentielles”. Ce troisième manifeste les pose en vétérans acculés au […]
1983, il y a plus de dix ans déjà/Le hip-hop en France faisait ses premiers pas/Il n’y avait pas de règle, pas de loi/Tout était clair, du but à la manière. Aujourd’hui comme hier, NTM s’attache à en défendre « la mémoire et l’éthique, les valeurs essentielles ». Ce troisième manifeste les pose en vétérans acculés au mur, cernés par l’invasion des nouveaux tocards, des je-veux-en-être et des poseurs, parasites d’une culture idéaliste qu’ils refusent de voir s’édulcorer. Quand le moral est en berne, les bons souvenirs sont la valeur refuge. Paris sous les bombes, l’une des perles de cet album avec Tout n’est pas si facile, retrace les premières virées de graffeurs, un régal où les rugissements de Joey Starr en viennent aux mains avec les samples épurés très New York underground. L’amertume pointe (Nouvelle école), l’humour affleure (Passe le oinj), l’appel à l’insurrection et les attaques anti-FN persistent (Qu’est-ce qu’on attend, Plus jamais ça), mais les rimes ont conquis la subtilité requise pour déjouer la censure frontale. « Donc pas de panique, pas de changement d’optique ni d’éthique pour le Suprême et sa clique. »
Exploitant jusqu’à plus soif le concept inédit bitures hip-hop et bière maltée, le premier album des Alkaholiks fut l’un des disques préférés d’IAM en 1993. Victimes entre-temps de la fureur des donneurs de leçon pas très correct, les murges , les protégés de King Tee ont mis de l’eau dans leur vin, allant jusqu’à écrire 21st and under sur les dangers de la consommation d’alcool à un âge précoce. Ces authentiques champions du freestyle ont beau s’autoriser toutes les recherches beats étranges, scénarios construits , jamais ils ne trahissent leur style spontané et fêtard. Une bonne humeur qui lorgne avec respect du côté de la fraîcheur old school, Flashback poussant même l’hommage si loin que l’on se croirait vraiment revenu quinze ans en arrière. Invités aux commandes sur deux titres, les doigts bénis de Diamond D offrent avec Let it out et sa guitare extraite d’une bande-son de kung-fu (on jurerait justement Wu Tang Clan) l’un des meilleurs titres de l’album.
Laure Narlian
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