Sur la pochette du premier album de Jeanne Balibar, un portrait d’elle, tête baissée et yeux clos, lui donne l’air insondable qui sourdait des pochettes mythiques de chanteuses comme Julie London, voire Nico. La voix de Jeanne Balibar, en tout cas, dans ses moments les plus inspirés, les plus envoûtés, évolue quelque part entre celle […]
Sur la pochette du premier album de Jeanne Balibar, un portrait d’elle, tête baissée et yeux clos, lui donne l’air insondable qui sourdait des pochettes mythiques de chanteuses comme Julie London, voire Nico. La voix de Jeanne Balibar, en tout cas, dans ses moments les plus inspirés, les plus envoûtés, évolue quelque part entre celle de Julie London, suave et secrète, comme enregistrée sur un canapé de velours, et celle de Nico, rugueuse, d’une tristesse majestueuse, aux accents presque religieux et implacables.
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Tout comme ces deux chanteuses, Jeanne Balibar s’est entourée d’une troupe de Pygmalion. Elle s’est immiscée pour l’occasion dans la musique de Rodolphe Burger, avec qui elle avait déjà collaboré, notamment pour un disque au profit du Gisti (Groupe d’information et de soutien des travailleurs immigrés), ainsi que sur un morceau enregistré pour un récent album du chanteur de Kat Onoma. Paramour, bien que portant son nom à elle, sonne ainsi d’abord comme l’album d’un groupe, où les guitares de Burger, les textes de l’écrivain Pierre Alferi ont autant de place que les circonvolutions vocales de la chanteuse.
Lorsqu’elle chante les petites vignettes de Paramour, au ton souvent mélancolique, une sorte d’abandon se dégage de sa voix grave, plus encore que dans ses films. Et l’on se dit alors qu’elle aurait peut-être dû se mettre à la chanson plus tôt, à la chanson d’amour, plus précisément : son disque en regorge.
Parfois trop bavardes, les guitares de Burger, après quelques écoutes, révèlent leurs ressources et portent Paramour d’un bout à l’autre, embellissent ses tics, ses petits artifices, presque naïfs. Ceux-là même qui le rendent d’ailleurs très attachant, à commencer par les accents de Jeanne Balibar, notamment en anglais, gentiment séducteurs, parce qu’imperceptiblement maladroits. Ces maladresses-là font de l’album un objet très vivace, comme physiquement palpable.
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