En proposant un album de remixes de son album « Passion » calibré pour les dance-floors, Para One livre un hommage ultra-énergique et joyeux à la house des années 90. Rencontre, critique et écoute.
Se repencher sur son dernier album, le dépecer, déconstruire entièrement chaque track et en proposer une nouvelle mouture remixée à destination des clubs : tel pourrait être un parfait résumé de Club, le nouvel album de Para One, constitué de remixes de Passion, sorti il y a deux ans. Se remixer soi-même ? Para One, en mode Alain Delon des dance-floors, aurait-il sombré dans l’onanisme électronique ? La question le fait sourire.
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“Fellini disait : ‘Si j’arrive au bout de mes sujets, je veux refaire tous mes films.’ Je ne dis pas que je suis arrivé à bout d’inspiration, mais j’ai adoré repasser une deuxième fois sur une idée.”
Eviter la tendance plurielle
Un geste qui lui a permis de gagner en cohérence, en limpidité. Jusqu’alors, les disques de Para One (un des fondateurs d’Institubes et aujourd’hui de l’écurie electro Marble), touffus et protéiformes, souffraient parfois du syndrome de l’élève trop doué qui ne sait finalement pas quel sujet choisir, tant il sait tous les mener à bien.
Cette tentation plurielle, Club l’évite totalement : il est son album le plus homogène d’un point de vue sonore, le plus direct, le plus joyeux et libéré dans sa transmission d’énergie et sa relation à l’autre. Stylistiquement, le caractère house 90 domine, comme le laisse entendre You Too, formidable premier single en forme d’anthem ravesque. “J’aime mixer classique et moderne, je joue énormément de vieux tracks de Chicago et New York. Ils ont dû infuser”, explique-t-il.
Mixer classique et moderne
Loin d’être lassé par son activité de DJ, ce garçon élégant de 35 ans à la chevelure poivre et sel confie n’avoir jamais autant pris de plaisir à mixer qu’actuellement. “Quand j’ai commencé, je le vivais mal, je ne voyais pas où était l’intérêt de mater des gens qui transpirent sous des lumières rouges à deux heures du matin. Plus le temps passe, plus ça m’émeut.” C’est d’ailleurs en DJ-set qu’il a choisi de défendre Club cet été. “Le live est mis sur un piédestal mais il y a souvent peu de prise de risque. Je trouve que c’est souvent moins créatif qu’un très bon mix.”
Accélérer le temps
A la rentrée, on le retrouvera dans un autre exercice : la musique de film. Para One a composé la bande originale – magnifique – de Bande de filles, le dernier film de sa complice Céline Sciamma.
“Elle voulait un thème qui revienne à des moments clés, gonfle et se construise avec le personnage. Il joue comme une accélération de temps, comme une ellipse. J’ai dû me demander comment accompagner un personnage dans un film : c’était passionnant.”
Il a choisi un son plus analogique qu’à l’accoutumée, introduit de vrais instruments. “Je sous-estimais le blocage que beaucoup de gens peuvent avoir avec la musique 100 % électronique. Il suffit parfois d’ajouter un peu de présence humaine pour devenir d’un coup beaucoup plus accessible.” Un énoncé qui pourrait convenir à merveille à Club. Les deux productions ont un autre point commun : leur fonction.
“C’est très libérateur. Ça me rappelle mes débuts, quand je bossais pour des jeunes mecs qui faisaient du hip-hop. Ils avaient besoin d’un son, je le produisais. La liberté peut être un carcan. C’est quand il y a une nécessité que je suis le meilleur.”
Concerts le 26 juillet à Avignon, le 26 septembre à Besançon, le 27 à Rennes
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