Musique
{"type":"Banniere-Haute"}
Il y a quelques mois, on n’avait jamais entendu parler de Spain, le groupe du ténébreux Josh Haden. Tout juste connaissions-nous son père, Charlie Haden, formidable libérateur du jazz en compagnie d’Ornette Coleman ou de Don Cherry. Pourtant, depuis The Blue moods of Spain prétendant sérieux au titre d’album de l’année , on ne peut plus se dépêtrer de ces chansons sobres et sombres, résolument magnifiques.
Cette poignée de terroristes travaille depuis quinze ans, avec des basses énormes, les fondations de ce que le grand public découvre aujourd’hui sous l’étiquette commode de « son de Bristol ». Base centrale de toutes les expérimentations dub ou électro-funk, le label On-U Sound fêtera ses quinze ans d’activisme aux Transmusicales de Rennes. Avec le grand Adrian Sherwood le « Phil Spector du dub » et Gary Clail, visite guidée du « son des années 90 », comme le label le décrivait dès 1979.
Irrécupérable tête brûlée, c’est par une de ses pirouettes favorites - changer de groupe plutôt que d’affronter le succès planétaire - que Kim Deal a refusé la gloire promise à ses Breeders. Avec The Amps, l’ancienne polissonne des Pixies retourne à ses sources : le rock âpre, les mauvais garçons, la dope et Dayton, ville natale qui la retient par les pieds en lui interdisant glamour, pauses et langue de bois.
{"type":"Banniere-Basse"}
Avec la sortie des inédits de l’Anthology vol. 1, la beatlemania redécouvre ses jambes de 20 ans. L’occasion d’un retour aux studios d’Abbey Road en compagnie de l’honorable George Martin, l’homme qui fit des quatre teignes de Liverpool débarquées de Hambourg la plus belle histoire de la pop-music.
Consacré sur le tard avec Different class, son nouvel album, Pulp est aujourd’hui devenu en Angleterre le seul phénomène capable de chercher des noises à Blur ou Oasis. A l’heure d’un retour vengeur à Sheffield, la ville qui ignora pendant plus de dix ans ses plus brillants rejetons, Jarvis Cocker myope furieux devenu le sex-symbol le plus curieux des nineties se retourne sur une carrière « lente comme un escargot ».
Bien qu’il ait commencé sa carrière en dilettante, Alain Souchon a depuis viré au phénomène de masse, témoin l’album live Défoule sentimentale. A ce niveau de popularité, forcément, on se demande ce que peut cacher l’image résolument sympathique de ce tendre aux éternels mots d’enfant.
Radiohead doit beaucoup à l’Amérique : son succès phénoménal, bâti autour du tube Creep, mais aussi quelques sévères maux de tête problème : comment survivre à la mode, ne pas devenir le « groupe d’un seul morceau » ? A quelques jours d’une tournée française attendue, récit d’une soirée californienne en compagnie du moins anglais des groupes anglais.
Après dix-huit ans de carrière (putain, dix-huit ans !), U2 peut tout se permettre, même de sortir sous un pseudo passe-partout - The Passengers – un disque qui flirte âprement avec le monde expérimental du grand Brian Eno. Ce qui ne nous empêchera pas de poser deux questions : est-ce que Bono se paye notre tête ? Et si on se payait la sienne ?
Il a donné au rock de cette année quelques-uns de ses plus ahurissants éclats : en solo ou en compagnie de Björk, Blur, Wu-Tang Clan ou PJ Harvey, Tricky a semé le déséquilibre et la confusion, abattant férocement les barrières entre les genres. De retour en France concert et nouvel album, sous le nom de code Starving Souls , il se prête au blind-test cartes sur table, sans recours au joker. Une langue massive, qui ignore le bois.
Il y a un an, Patrice Chéreau propose à Pascal Greggory de travailler avec lui sur la nouvelle version d’une uvre majeure de Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton. S’installe alors entre le metteur en scène-comédien et le pur acteur une complicité qui fait du spectacle l’une des plus belles réussites du théâtre moderne.