En dub, les anciens ont régulièrement battu les modernes. Souvent, même, les maîtres King Tubby ou Lee Perry ne reconnaissent pas leur petit disparu derrière l’électronique envahissante, la technologie patapouf. Bien qu’étant les plus doués du lot, les Rockers Hifi n’échappaient pas à cette critique : comme les autres, ils essuyaient les plâtres d’une formule […]
En dub, les anciens ont régulièrement battu les modernes. Souvent, même, les maîtres King Tubby ou Lee Perry ne reconnaissent pas leur petit disparu derrière l’électronique envahissante, la technologie patapouf. Bien qu’étant les plus doués du lot, les Rockers Hifi n’échappaient pas à cette critique : comme les autres, ils essuyaient les plâtres d’une formule moins heureuse que bâtarde. Pour amener le dub sur la piste de danse, ils usaient d’artifices souvent grossiers qui ôtaient précisément toute la grâce aérienne qui caractérise ce versant expérimental du reggae. Pourtant, depuis l’étalage de leurs goûts dans un excellent volume de la série DJ Kicks, on les savait dotés d’un flair et d’un éclectisme admirables. C’est donc un peu par surprise qu’on les voit changer de statut, d’aimables trafiquants à celui de véritables agitateurs. Comme forcés à suivre un long apprentissage enfin assimilé, c’est après des essais inégaux qu’ils atteignent avec ce troisième album ce niveau supérieur qu’on leur croyait interdit, celui de la maturité. Overproof est l’aboutissement de tous les efforts entrepris pour mélanger les bpm de la techno et les lignes de basse jamaïcaines. Et même leur justification : le jeu en valait la chandelle, cette fusion organique et languide où l’appareillage électronique n’est plus un poids mort mais sait s’effacer pour devenir juste un autre instrument. A côté de ce métissage subtil, beaucoup d’essais précédents passent soudain pour des brouillons et tâtonnements à oublier. Le morceau Hello everybody est ainsi la meilleure introduction à ce qui suit, jungle pour hamac, accueillante et colorée par des cuivres chaleureux. Car les Rockers Hifi, avec leurs deux chanteurs, ont su se détacher de leurs influences : cosmopolites, ils versent dans une soul transversale et internationale, comme enregistrée dans plusieurs endroits en même temps New York, Londres, Kingston , n’oubliant pas que Bob Marley avait fait ses premières armes vocales sur du Curtis Mayfield. Times up rappelle, lui, tout ce que le hip-hop doit aux toasters de la Jamaïque, morceau de rap élastique proche de The Roots, ces enviables voisins d’inspiration. Overproof se pose d’ailleurs comme un candidat sérieux pour animer avec décontraction les soirées d’été.
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