Il aura fallu quatre ans à Hood pour engendrer une suite des aventures du merveilleux Cold House, paru en 2001, et pour lequel les quatre de Leeds s’étaient adjoint les services de leurs copains américains Clouddead. Un premier petit succès dans une carrière alors déjà longue d’une dizaine d’années ; de quoi stresser un peu. […]
Il aura fallu quatre ans à Hood pour engendrer une suite des aventures du merveilleux Cold House, paru en 2001, et pour lequel les quatre de Leeds s’étaient adjoint les services de leurs copains américains Clouddead. Un premier petit succès dans une carrière alors déjà longue d’une dizaine d’années ; de quoi stresser un peu.
Mais hors de question, ici, de se répéter et de se plier aux attentes. Pas de plan de carrière et aucune obligation de résultat : survivant chacun grâce à quelques tâches alimentaires, les Anglais ne sont génies qu’à mi-temps, entre deux corvées de linge, le soir après le boulot ou pendant les congés payés. Voilà ce qui caractérise Hood, envers et contre tout et tous : l’indépendance, pure et vraie, pleine et entière. Pas celle qu’on clame trop fort avant d’aller quémander, la queue basse, des crédits à une multinationale ; celle en revanche qui leur offre la liberté de suivre la voie qu’ils entendent suivre. Outside Closer est ainsi une plongée inédite, un nouveau renouveau dans les quatorze ans de carrière du groupe.
Mais comme les précédents, pas vraiment un disque à confier à sa petite sœur ou à faire écouter à ses amis mélancophobes. Et pourtant, Hood ne passera jamais sur Europe 2, ou alors après l’apocalypse, ou bien par erreur. Car on ne pénètre pas dans leur musique, et encore moins dans Outside Closer, comme dans un palais du rire. Leurs disques sont certes des merveilles, mais des merveilles froides, sublimes de désolation lunaire et de pâleur dépressive.
Dans Outside Closer, la tristesse ne transparaît pas : elle saute à la gueule, elle prend à la gorge, elle se saisit de votre être pour l’entraîner avec elle dans sa chute. Très éloigné de Cold House, de son electronica et de ses saillies hip-hop, l’album se pique de faire des chansons, ou plutôt ce que Hood imagine, depuis son trou noir, être des chansons. Comme la magnifique The Negatives’, embrumée et effrontément mélodique. Ou sa suivante Any Hopeful Thoughts Arrive, confondante de beauté, où l’electro acoustique alambiquée du groupe s’essaie à l’ampleur, se perd dans de surprenants arrangements de violons. Closure, les lentes et obsédantes psalmodies de End of One Train Working ou les mélodies et violons bouleversants de Still Rain Feel rappelleront quant à eux les plus belles heures d’un autre grand groupe spleenien, Arab Strap.