Sous les feux de la rampe depuis son album Stankonia, le duo hip-hop Outkast sévit à Atlanta depuis plus de cinq ans. Autant d’années à peaufiner un son hip-hop à la croisée des courants East coast et West coast : un rap teinté de funk dont la couleur Southern est devenue une marque de fabrique pour toute la région.
Outkast ne vient ni de New York, ni de Los Angeles, et ça s’entend. Andre 3000 et Big Boi ont inventé ce qu’ils ont nommé sur leur premier album le Southernplayalisticadillacmuzik : une musique qui ne ressemble à rien, ou alors à une grande fiesta qui emprunte le phrasé hip-hop pour le coller sur une musique live fortement teintée de funk. Au total, ils comptent déjà quatre albums à leur actif : outre le premier album, ATLiens (1996), Aquemini (1998) ont été outre-Atlantique bien plus que de simples essais, contrairement à ce que le récent succès européen du petit dernier, Stankonia, paru en novembre dernier, pourrait laisser supposer.
Produits par le trio d’Organized Noise, les deux d’Outkast ont littéralement imposé leur ville d’Atlanta sur la carte du rap suivant l’expression consacrée. Il faut dire que le duo n’est pas le seul à oeuvrer puisque la ville détient un beau passif dans sa propension à rapprocher hip hop, funk et soul. Jermaine Dupri et son label So So Def font partie des précurseurs du R&B, MC Breed a sévi inlassablement album après album pour une funkyfication du hip-hop durant les années 90, Goodie Mob s’est aussi fait un nom aux côtés d’Outkast sur le label Laface en travaillant également avec l’équipe d’Organized Noise.
Dans tout le Sud des Etats-Unis, George Clinton est passé maître des lieux du hip hop et son influence s’étend dans tous les états, de Memphis avec le duo 8Ball & MJG à Houston (Scarface et les Geto Boys), créant une véritable alternative à la dualité Cote est / Californie. Juste retour des choses, c’est maintenant à Outkast de connaître un succès planétaire mérité, en attendant que d’autres publient leur Stankonia à eux.