A son retour du All Star Game, Booba a appris qu’il était rentré directement premier des ventes de disques en France avec son troisième album solo, Ouest Side. Il se trouve qu’en plus d’être déjà une réussite commerciale, ce qui compte pas mal vu la toute petite forme du hip-hop hexagonal, le nouveau Booba est […]
A son retour du All Star Game, Booba a appris qu’il était rentré directement premier des ventes de disques en France avec son troisième album solo, Ouest Side. Il se trouve qu’en plus d’être déjà une réussite commerciale, ce qui compte pas mal vu la toute petite forme du hip-hop hexagonal, le nouveau Booba est aussi un excellent album, l’un des plus précieux qu’ait connu le rap français ces dernières années. Sur Ouest Side, le double mètre de Boulogne poursuit le travail de rénovation du genre entamé avec Lunatic et ses premiers disques solos (voir encadré). Quand les trois quarts de l’école du micro français patinent entre flow merguez et productions en bois, Booba met la pile à tout le monde avec un son métallique parfait et des textes sans équivalents ? que la prestigieuse Nouvelle Revue Française n’a pas oublié de célébrer dans un de ses numéros, inventant même le terme métagore pour définir et célébrer, sous la plume de Thomas Ravier, le travail du rappeur de Boulogne.
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Ce que l’on sait surtout, c’est que sur Ouest Side Booba brille toujours, et peut-être encore plus qu’avant, par ses textes rêches, écrits au scalpel, qui multiplient les images pour parler autant aux oreilles qu’à l’imaginaire et à la rétine. Des lyrics tantôt gangsta ( Chaque fois qu’on passe devant ton bloc dis-moi pourquoi tu l’ouvres/Tu parleras moins avec un glock dans la bouche dans Ouais ouais, titre partagé avec Mac Tyer, l’un des deux MC de Tandem), tantôt franchement hilarants ( Les clochards vendent des copies/De mon dernier opus/Prennent les bus pour aller sucer/Au marché aux puces’, dans Le Duc de Boulogne).
Violent, Ouest Side l’est un peu, évidemment, mais c’est surtout un modèle d’écriture au sommet de sa forme, qui catapulte aujourd’hui Booba bien au-delà du genre musical où les plus frileux souhaitent le cantonner. Car à bien l’écouter, le MC de Boulogne produits des textes qui emmènent la langue de chez nous bien plus loin que les Vincent Delerm et autres baladins à la pipe molle et au chandail étiré.
Ecarté du patrimoine, Booba, assis sur ses disques vendus, lui fait pourtant aujourd’hui les poches à la régulière. L’un des plus beaux morceaux de Ouest Side, Pitbull, reprend la mélodie du Mistral gagnant de Renaud. On est loin des morceaux hip-prétextes qui vivent sur un sample ultraconnu. Pitbull, au milieu du fond de commerce gangsta, révèle la fêlure d’Elie Yaffa, le jeune métis franco-sénégalais qui deviendra Booba.
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