Strasbourg n’aura jamais autant ressemblé à Berlin que les 26 et 27 septembre, à l’occasion du cinquième festival Ososphère. Investi par une cinquantaine d’artistes dont Broadcast, Peaches, Jeff Mills, the Eternals ou Agoria (en photo), le quartier de la Laiterie aura dressé en 48 heures un panorama pointu et exigeant des musiques electroniques actuelles.
Six dancefloors, une programmation pléthorique. Au premier abord, on pouvait craindre qu’Ososphère, victime de son succès comme bon nombre de festivals de musique électroniques, se soit, à l’exemple de la dernière édition du festival Sonar à Barcelone transformé en grosse machine écrasée sous les têtes d’affiche et noyée par un public trop nombreux. Soulagement : rien de tel à Osophère qui parvint à proposer une programmation gargantuesque dans un environnement (un petit quartier, organisé autour de la Laiterie et constitué de 6 salles de concerts qui communiquent entre elles) et une ambiance résolument humaines. Une fois le deuil faits des annulations de Prefuse 73 et d’Ellen Allien, tous deux portés malades, 48 heures de déambulations folles commencèrent, parsemées un peu absurdement et en alsacien dans le texte, de schlougs (Itu veux un schloug de bière mademoiselle ?).
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Mise en bouche electro-pop pour le premier jour des hostilités : échauffé par les envolées westerns d’Emilie Simon et, celles, plus atmosphériques et soniques des Antibois de M83, c’est véritablement sur les lives de The Eternals et de Scratch Massive, dansants en diable, qu’on commença à perdre le contrôle de ses membres inférieurs. Un début de rémission que ne manqua pas d’exploiter Ark, qui entre réminiscences funk et dictature minimale, électrisa le hall de la Laiterie. Haranguant la foule, bondissant derrière ses platines, l’auteur d’Alleluyark, aphone et torse nu, visiblement vidé, passera le relais à la techno musclée d’Agoria..
Entre les nouveaux morceaux de son album Blossom sorti ces jours’ci et une version stratosphérique de la Onzième Marche, le Lyonnais maltraitera, à coups de voix vocodées et de basses malsaines, le Seven Nation Army des Whites Stripes. Pas pour nous déplaire En maître de cérémonie, tout droit débarqué de Détroit, le légendaire Jeff Mills clôturera la nuit, livrant un set efficace, quoiqu’un poil classique.
Les courbatures neutralisées par un Riesling du meilleur effet, on attaquait la deuxième nuit, en galante compagnie. Résolument sixties, une robe-tunique bleue et un faux air de Nico, Trish Keenan et ses acolytes de Broadcast, envahirent la petite salle intimiste de La Rocaille de leurs berceuses viciées. Une très bonne surprise, les compositions de Ha ha Sound, soutenues par un batteur époustouflant et des basses puissantes, gagnant en intensité.
Programmés en même temps dans une salle voisine (un petit bémol à l’organisation), les Blackstrobe, très attendus avant la sortie de leur premier album sur le label Output, furent décevants. Chanté par Rebotini Me and Madonna, perdit bien de sa subversion pour, à l’image du reste de leur set, prendre des accents gothiques un peu lourdingues. A l’inverse, mention spéciale à l’excellent set d’Elisa Do Brasil : deux heures de drum’n bass évolutive, aux accents dub et doucement techno.
Mais la vrai gagnante de la soirée fut Peaches. Dans une salle de taille moyenne, et après une entrée fracassante, affublée d’une longue perruque blonde et d’un mini-short en cuir dont elle a le secret, la Canadienne joua la carte exhib à fond les ballons. Et remporta la joute haut la main, qu’elle monte sur les amplis ou soit secondée par deux géantes en short de latex équipées de god-ceintures, sur la tubesque Shake your dicks, Shake your tits. Une vraie gagneuse.
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