Des Smiths aux Libertines, Oscar va piocher dans le meilleur de l’Angleterre mélancolique et postadolescente. Rencontre.
Il arrive sur scène et le charme opère en deux secondes. Dans l’assemblée, il y a des programmateurs de festivals, des journalistes, des émissaires de labels. Un tas de pros (mais pas seulement) rassemblés à Groningue, aux Pays-Bas, pour le festival de découvertes Eurosonic, en janvier. L’attente est grande autour de ce garçon à la gueule et à la voix d’ange, dont le nom circule depuis quelques mois chez les amateurs de groupes made in England.
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“La musique est la seule chose dont je sois capable”
La première fois qu’on a écouté Oscar, on a d’ailleurs cru à une énième resucée des Smiths. Et puis on a réécouté. Et puis encore. Assez rapidement, on y a vu autre chose que l’ombre de Morrissey : un peu de Pulp par-ci, un peu de Stone Roses par-là, de Blur et des Libertines également.
En fait, avec les premiers singles d’Oscar, on a cru entendre l’Angleterre tout entière, celle du nord et du sud, d’hier et d’aujourd’hui. On ne savait même pas, à l’époque, que ses meilleurs morceaux étaient encore dans les tiroirs. Ils sont aujourd’hui sur un premier album tantôt joueur et naïf, tantôt triste à en crever sur place. Une dualité qui cristallise les vestiges adolescents d’Oscar, grand nonchalant devant l’éternel. “La musique est la seule chose dont je sois capable”, dit-il en interview. Voilà.
Oscar Scheller a 24 ans, est né à Londres et n’en est jamais parti. Ses parents font de la musique, ils ont même eu un groupe au début des années 1980. Il commence à jouer avec sa mère, qui lui apprend le piano. Et puis son père meurt quand il a 8 ans. “Faire de la musique est une façon de continuer à communiquer avec lui”, dit-il avec ce mélange de tristesse et de légèreté qu’on retrouve dans ses textes.
Enfant rêveur et créatif, il cherchera longtemps sa voie jusqu’à se retrouver sur Myspace puis en école d’art, où les choses commencent à s’accélérer, à changer.
“J’ai l’impression d’avoir été un enfant jusqu’à très tard sourit-il. En arrivant en école d’art, j’ai été rattrapé par les désillusions et certains sentiments dépressifs. C’est là que j’ai senti le besoin de quelque chose de solide, de sérieux. La musique est la première chose vers laquelle je me suis tourné. Ça a été un moyen de survivre.”
Des chansons qui se morfondent avec malice
La fin de l’innocence, la douleur de quitter l’enfance, la violente découverte de la vie telle qu’elle est vraiment, c’est ce que raconte Oscar dans des chansons qui se morfondent avec malice, sans tomber dans la chouinerie des fragiles en manque d’inspi.
Il y a certes des crève-cœur absolus dans ce premier album (les splendides Gone Forever et Only Friend, feat. Marika Hackman) mais l’ensemble est assez nuancé pour qu’on s’amuse pour de vrai (avec Sometimes, Be Good ou encore Feel It Too) ou qu’on se surprenne à rêvasser entre deux mondes, là où le romantisme tisse des liens naturels entre excitation et mélancolie (Beautiful Words, tube en puissance, et la bien titrée Fifteen). Oscar :
“Le romantisme est un état d’esprit, une philosophie. Ce n’est pas toujours très réaliste… Rarement, en fait ! Mais j’imagine que les romantiques essaient de répondre à cette question : qu’est-ce que l’amour ? Une question qui reste sans réponse.”
Ecouter Oscar ou le voir sur scène apporte toutefois quelques éléments de réponse.
Concert le 6 octobre à Paris (Badaboum)
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