Mirwais, notre rédac chef rock par intérim, est fan. Michel Houellebecq aussi. ça tombe bien, nous aussi. Du coup, elles nous offrent leur nouveau clip en exclusivité.
C ’était en 2011, sur les conseils de notre excellent confrère Laurent-David Samama, que nous découvrions le duo ORTIES, composé de deux sœurs jumelles, Antha et Kincy. Le mail de Laurent-David était simple. “Salut Pierre, il y a ce groupe ORTIES. Leur profil est marrant (banlieusardes en quête de sensations fortes, rappeuses, féministes hardcore en minishort qui retournent tous les codes du rap bling-bling afin de servir leurs intérêts). Bref, du potentiel et un titre pour que tu les cernes mieux. Voici le lien.” Ce titre, il s’appelait tout simplement Plus putes que toutes les putes, et c’est peu de vous dire qu’après avoir lu ça, on allait cliquer direct sur le lien pour aller voir de plus près.
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Un clip : deux proto-catins, petit sac Lancel à l’épaule et perruques de trav à la Dustan, tapinant dans une sorte de bois de Boulogne futuriste rappelant étrangement le Tiresia de Bonello. Des paroles drôles et puissantes, ce qu’on aime dans le rap, et une attitude dingue. En vous regardant d’un œil torve, ces demoiselles affirmaient entre autres préférer l’équitationaux garçons – ce qui se discute, mais bon c’est drôle.
Quelques mois plus tard, c’est de nouveau Mister Samama qui nous offrait un reminder ORTIES. Il avait vu les demoiselles donner un concert de ouf sur le parvis de Beaubourg en soutien aux Pussy Riot malmenées par Poutine. On lançait donc une grande interview ORTIES sur notre valeureux site internet : on n’allait pas être déçus.
Première rencontre aux Bains-Douches
Rencontrées aux Bains-Douches, les deux ORTIES entamaient ainsi leur relation avec Les Inrocks, en répondant à la question d’ouverture : “Qui êtes vous ?” Antha commence : “On va essayer d’être drôles et originales. J’ouvre le bal. Nous sommes deux jeunes artistes porno âgées de 12 ans. 12 ans parce qu’on aime bien les mecs un peu pédophiles. Plus sérieusement, on ne dira pas notre âge parce qu’on refuse ce diktat des années qui passent pour les femmes. A 25 ans, nous autres subissons déjà la concurrence des nouvelles venues de 18, et ainsi de suite.”
Kincy poursuit : “Plus concrètement, Antha est aux Beaux-Arts et moi j’étudie le montage vidéo. On fait de la musique depuis six ans, toujours sous le nom d’ORTIES. Au début, il y avait des guitares, l’ambiance était gothique. Le bassiste avait un nom d’acteur porno. Pour le dire joliment, ORTIES est né dans le désir…” Le désir, voilà. Il est vrai que ça faisait une paye qu’un groupe n’était pas venu nous chercher par ce biais-là, et c’est sans doute cela qui nous a fait aimer ORTIES.
ORTIES que l’on aimait encore plus avec ce second titre, paru en 2013, Paris pourri (disponible sur le premier album sorti en catimini, Sextape), déclaration d’amour et de haine à une capitale qu’elles s’apprêtent alors à conquérir avec une nonchalance qui leur appartient.
Un parrain nommé Mirwais
Référence assumée au Paris de Taxi Girl, le titre attirait l’attention de Mirwais qui entrait alors en contact avec les deux sœurs originaires de Bures-sur-Yvette (Mirwais qui a assuré la rédaction en chef rock de ce numéro à la demande de Michel Houellebecq, et qui a donc transmis le virus ORTIES à celui qu’il appelle avec affection “Houelleby”).
Depuis, celui qui a été le compère de Daniel Darc et le grand artificier des albums de Madonna au début des années 2000 est devenu leur parrain. Alors qu’Antha terminait son diplôme aux Beaux-Arts, Kincy s’est enfermée en studio avec l’ex-Taxi Girl pour se former à la production.
“L’idée, c’était de ne plus être dépendante des prods des autres. On s’est trop galéré à devoir compter sur d’autres. Désormais on fait tout nous-mêmes et pour nous, c’est une grande liberté”, explique Antha. Kincy, qui s’est aussi initiée au mix, est maintenant l’une des productrices les plus en vue de Paris. Récemment, elle a œuvré sur l’album de Christophe avec sa sœur pour un Mes nuits blanches bluffant de souffle et de modernité, projetant le commandant Bevilacqua vers un univers digital 4.0 qui lui va plutôt bien au teint.
Premier extrait de leurs nouvelles aventures
Depuis plusieurs mois, les sœurs se sont enfermées en studio pour mettre au point un disque qui devrait ouvrir de nouvelles portes à la musique d’ici. Un album dont nous avons eu la chance aux Inrocks d’écouter quelques extraits et qui respire l’avant-garde, la liberté, l’audace et le soufre. De quoi donner un bon de coup de pied aux fesses à une scène rock qui campe sur ses acquis et à un rap français encore trop plein de testostérone.
A l’occasion de ce numéro spécial Houellebecq rédac chef (elles sont très fans de l’auteur des Particules élémentaires), Antha et Kincy ont décidé d’offrir aux Inrocks le premier extrait de leurs nouvelles aventures : ça s’appelle SEXEDROGUEHORREUR, et c’est une jolie petite claque derrière la tête. Le clip est disponible en exclusivité sur notre site, et l’on vous conseille de suivre de très près l’itinéraire de ces deux ORTIES. Ça risque de piquer, mon frère.
Lire aussi le texte de Michka Assayas sur ORTIES et sur la banlieue où elles et lui ont grandi
Exposition Antha/Elsa Perez, du 30 juin au 10 juillet, galerie Gare de Marlon, Paris IVe
Clip SEXEDROGUEHORREUR, à découvrir en exclusivité
https://www.youtube.com/watch?v=BCDIGzAxZgM&feature=youtu.be
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