“Le gracieux épanchement de mes rêves matraqués” le mot de l’Irlandais Will Merriman pour qualifier Orbit, son troisième album, avec John Parish (exécuteur des hautes oeuvres de PJ Harvey) devant les fûts et à la production. D’habitude, on se méfie comme de la peste de l’autocritique artistique mais ici, pas de hic : ça […]
« Le gracieux épanchement de mes rêves matraqués » le mot de l’Irlandais Will Merriman pour qualifier Orbit, son troisième album, avec John Parish (exécuteur des hautes oeuvres de PJ Harvey) devant les fûts et à la production. D’habitude, on se méfie comme de la peste de l’autocritique artistique mais ici, pas de hic : ça colle. Précis de décomposition.
1) Gracieux : depuis l’arrivée d’Andy Fitzpatrick, orgue et piano ont glorieusement accaparé le terrain hier occupé par les guitares (A Feeling mission, 1995).
2) Epanchement : la lente et fluide tristesse qui suinte de ces dix comptines irriguées de rude mélancolie.
3) Rêves : précisément, ces historiettes avec un « je » et un « tu » auxquelles l’inconscient se laisse aller dans ses escapades nocturnes qui enfantent des textes simples et sensés (« Si je te tapais sur la tête/Est-ce que je compterais plus pour toi ? », « Si j’abuse de ton hospitalité/Je ne serais peut-être plus jamais invité/Je veux juste être l’objet de ton affection »). 4) Matraqués : la fêlure tragique et bouleversante, éprouvée une fois passée la douane qui sépare irréparablement rêve et réalité celle-là même que chantait Smog sur Batisphere (« A 7 ans/Mon père m’a dit « Mais tu ne sais pas nager »/Et je n’ai plus jamais rêvé à la mer »). Récit de recomposition. The Harvest Ministers repeint touche à touche le relief karstique irlandais : une prairie, circonscrite à de verdoyantes parcelles où paissent des moutons bêlants, régulièrement brisée sur des falaises abruptes jetées dans la mer, achoppant sans cesse sur de petites murailles de pierres qui exhibent la redondance de la roche affleurante. Will Merriman livre ses rêves, circonscrits aux envolées de cordes chevrotantes (un Hammond grumeleux), régulièrement brisés sur sa voix de verre pilé, nasillarde et rauque, achoppant sans cesse sur des couplets (trop) cadencés qui exhibent la redondance de mélodies étriquées ces holed walls qui, sans l’entraver totalement, mutilent le lisse horizon de l’espoir (« Ne donne pas un centime aux commerçants caritatifs de l’espoir »). Sous la gentille bonace de la grâce perce alors la violente face du bidasse (le magnifique A Reluctant volunteer, meilleur morceau de l’album avec Orbit, la chanson) dans un hors-champ suscité qu’on accepte on non d’entrevoir.
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