À 22 ans, ce londonien enchaîne les tubes bricolés entre rap et surf pop. Rencontre lors de son premier concert français, à Nantes.
Son père irlandais l’a embarqué très tôt aux concerts de Neil Young et de Van Morrison, sa mère lui a fait découvrir les Beach Boys et ses potes l’ont initié au hip-hop à coups de compilations bien ficelées : pas besoin d’être Sherlock Holmes pour piger l’origine du son de Only Real, nom de scène du talentueux Niall Galvin.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Depuis plus d’un an, ce rouquin anglais de 22 ans, originaire de West London, balance sur le net d’irrésistibles tubes faits maison, encensés par la blogosphère. Qu’elle soit qualifiée de « pop de traviole » ou de « pop irréelle », sa musique squatte les pages de ce site depuis un petit moment déjà, et on voit mal comment elle pourrait les déserter, tant que les livraisons du sieur Galvin seront de ce niveau.
Pour mémoire, son chouette et lancinant Cadillac Girl, ça donne ça :
Le tout premier concert du bonhomme est encore frais : c’était (fort logiquement) à domicile, donc outre-Manche, en janvier dernier. Deux mois et autant de concerts plus tard, hop, direction la France pour son premier show à l’étranger, au Lieu Unique de Nantes . Le programmateur de la salle avait eu le flair de booker Only Real depuis des mois pour la première édition du festival Assis ! Debout ! Couché !. Alors que la hype aurait pu débouché sur un embarrassant dépucelage scénique, on assistait ce soir là à un live jouissif, un peu comme si The Streets et The Strange Boys s’étaient réunis autour d’un ampli.
C’était l’occasion de rencontrer le spécimen, tout sauf stressé, qui gardait jusqu’alors de l’hexagone l’image d’un pays fournisseur de pétards – on parle ici des trucs rouges à mèches qui explosent –, véritables trésors à ramener des voyages scolaires, car introuvables au pays.
Désormais rangé des pétards (qui font boom) et des trips (scolaires), Only Real se consacre totalement à sa musique, passant la majeure partie de ses journées à expérimenter avec ses instruments et son ordi.
« J’ai commencé le piano très jeune, avec des cours très classiques. Puis je me suis un peu plus lâché, genre piano jazzy, et j’ai appris dans mon coin, seul, à jouer de la gratte », nous explique celui qui écrit ses premières chansons à l’âge de 15 ans.
Des morceaux inspirés sans surprise de sa vie d’ado anglais lambda plus intéressé par les dessins animés japonais que par l’école. Et aussi par les filles, visiblement, à en juger par le morceau Backseat Kissers :
Tourné dans une esthétique chiadée qui rompt avec le côté low-fi et do-it-yourself de ses autres clips (comme Cinnamon Toast ou le plus récent Blood Carpet), le clip de Backseat Kissers a tapé dans l’oeil des français de The Shoes. Le duo de producteurs electro de Reims a en effet proposé ses services au prodige anglais pour remixer le morceau. « Ils m’ont contacté via Twitter. C’est la classe, j’ai tellement de remix à eux sur mon iPod, ils font des trucs de dingues ! » s’emballe Only Real. Le résultat, assez surprenant et pas vraiment taillé pour le dancefloor, squatte à son tour depuis deux mois bon nombre d’iPod :
Avec un tel pedigree, d’aucuns pourraient croire le gaillard déjà signé sur un gros label – après tout, il doit bien rester quelques directeurs artistiques avec un semblant de flair, même au pays des One Direction. Sauf que non. Only Real est aux dernières nouvelles sans maison de disque, après un premier EP sorti l’an dernier sur la petite (mais prometteuse) structure ASL Records. Notons au passage qu’en authentique (et autoproclamé) control-freak qu’il est, c’est évidemment Only Real lui-même qui signe l’étrange art work de sa pochette.
Industrie du disque et sécurité de l’emploi n’étant pas vraiment une association allant de soi, on s’est permis de demander au jeunot Galvin s’il avait pensé à un plan B. « Non. J’ai passé mes exams pour rassurer mes parents, mais ils savent très bien que c’est la seule chose qui m’intéresse et que je ne serai jamais aussi impliqué dans un autre truc que ça ». Et pas seulement en tant qu’interprète, puisque Niall se verrait bien produire pour d’autres artistes.
En attendant, on ne le sent guère pressé de sortir un premier album : « y’a pas urgence, je suis jeune, et j’ai encore plein de choses à prouver ». On imagine sans peine qu’il entend également rôder ses concerts, même si son show nantais en février (son quatrième jamais donné, rappelons-le) n’avait absolument rien de déshonorant, loin de là. Son évolution sera visible cet été du côté de Hyères puisque c’est dans ce joli coin du Var qu’aura lieu le prochain concert français d’Only Real, lors du cru 2013 du Midi Festival. Notons que, par pure coïncidence (ou atavisme prononcé du programmateur), son concert aura lieu le lendemain du retour sur la côte d’Azur du prodige King Krule, un autre rouquin briton surdoué trop jeune pour avoir connu le règne de Thatcher.
{"type":"Banniere-Basse"}