Grosse programmation techno-house, nouveaux discours sur les enjeux d’un festival, lieux splendides entre Paris et sa banlieue : la deuxième édition du Weather imposait son ambition ce week end. Retour sur une des plus grosses teufs de l’année en France.
Comme un symbole, le Weather Festival ouvrait sa deuxième édition à l’Institut du Monde Arabe, en plein cœur de Paris, avant d’aller s’installer en banlieue pour le reste du week end. Sur scène vendredi dernier, des live de Mount Kimbie, The Moritz Von Oswald Trio et surtout Underground Resistance. Comme pour montrer que la musique électronique, ce sont aussi des musiciens, des vrais, et que ses ambitions ne se limitent pas au tabassage en règle d’un public venu pour danser dans l’ignorance.
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Des messages, des idées, le Weather Festival n’en a pas manqué cette année. En allant squatter au Bourget puis à Boulogne, il a voulu approfondir le travail déjà entamé par le collectif Surprize avec les soirées Concrete : repenser la teuf en diversifiant les publics, en favorisant les échanges centre/périphérie et en décloisonnant les formats de la nuit, restés trop longtemps figés dans l’idéalisation et la suprématie des clubs. On a ainsi passé les derniers jours à faire la fête de jour comme de nuit, au soleil et sous la pluie, depuis l’IMA jusqu’au charme brut du patrimoine industriel local.
Et maintenant, une petite idée de l’ambiance
Samedi vers minuit au Bourget : le festival bat son plein (on attend les chiffres définitifs, mais certains parlent déjà de 25 000 personnes présentes au Parc des expositions). L’héritage de la rave party française a plutôt de la gueule.
https://www.youtube.com/watch?v=tO6PT3r1NKo
Des fusées mais pas que
Le Weather est le vrai gros festival techno-house qui manquait à Paris. Pour le main event, qui aura duré du samedi au dimanche pendant 22h non-stop, quatre scènes furent installées dans l’espace gigantesque du Parc des expositions du Bourget : printemps, été, automne, hiver. Les deux premières en extérieur, les deux autres dans les hangars. Tout autour, les trucs du Musée de l’air et de l’espace, à savoir des avions de ligne et de chasse, une chose ressemblant sérieusement à Air Force One, un splendide Canadair et puis aussi des fusées. Des fusées, sérieux.
Mais le Weather, ce n’est pas le Buffalo Grill de l’electro : au-delà du cadre complètement fou, c’est bien pour la musique que les festivaliers avaient fait le déplacement. Ricardo Villalobos, Seth Troxler, Ben Klock, Antigone, Marcel Dettmann, Rodhad, Derrick May, Moodymann, bref, des stars et des moins stars étaient réunies pour mener la foule vers une vision artistique sans concessions.
Super jeu : trouver Ben Klock dans cette vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=obgnnzSLLwc
C’est l’été
La saison des festivals a officiellement commencé. La semaine d’avant, il y avait eu les excellentes Nuits sonores de Lyon (dont le Weather est l’héritier direct) et puis aussi Primavera et We Love Green. Et si on ne listera pas tous ceux à venir, c’est bien pour se concentrer sur l’instant : danser au soleil, un verre à la main, voilà une des applications concrètes d’un festival bourré d’idées ambitieuses.
La scène Été aura été parfaite pour (ne pas trop) y réfléchir. Groovy, house, funky : scène de la joie avec Motor City Drum Ensemble, Moodymann ou encore Zip. Et si la nuit fut porteuse d’orage et de pluie, certains n’ont pas eu peur et continuèrent à danser dehors, les bras tendu au ciel avec espièglerie. C’était beau. Et puis, vers 6h du matin, on a vu le soleil se lever derrière les fusées. (Des fusées, sérieux.)
Drone, avenir et béton brut
Le Weather se terminait lundi sur l’Ile Seguin, à Boulbi dans le 92. Insérée dans le grand projet de réaménagement de cette oasis de béton brut, cette teuf de clôture aurait pu être un festival en soi : trois scènes, dont deux sous chapiteaux, et puis des mecs comme Moodymann (encore lui), Theo Parrish ou Marcellus Pittman. Et comme le Weather est un festival tourné vers l’avenir et que son public lui ressemble, il y avait un petit drone qui lui aussi dansait au-dessus des têtes. Eh ouais.
https://www.youtube.com/watch?v=lx_szPCSB94
En y repensant après une bonne nuit de sommeil, on oublierait presque que ce ne fut que la deuxième édition du jeune Weather Festival. Douze ans après le début des Nuits sonores de Lyon, cette Concrete géante confirme une tendance : l’émergence d’une nouvelle génération de festivals concernée par les enjeux culturels et urbanistiques locaux, et porteuse d’un regard complètement neuf sur les musiques électroniques. Avec des événements comme le Weather, le futur, c’est déjà maintenant.
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