Dans ce weekend en forme de marathon des festivals (Nuits Sonores, Primavera…) il fallait aussi qu’on s’arrête au parc de Bagatelle pour l’édition 2014 du We Love Green. Entre le set glam-pop de Moodoid, la neurasthénie d’Earl Sweatshirt et Foals maitrisant la pop de stade, le dimanche a été riche en surprises. On y était, on vous raconte.
L’atmosphère du festival est palpable dès la navette qui nous emmène de Porte Maillot jusqu’au parc de Bagatelle. Les festivaliers ont revêtu leurs habits les plus fleuris, de beaux chapeaux (assez peu utiles vu le temps) et les filles n’ont pas hésité à sortir leurs belles couronnes de fleurs : à We Love Green, on se montre un peu, même si on est avant tout là pour profiter de la riche et éclectique programmation.
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Earl Sweatshirt – Lunice : déception vs. grosses basses
Arrivé sur le site du festival, on attrape le set de Moodoïd à la volée, en plein sur De Folie Pure, son mini tube pop psychédélique. Pablo Padovani, ex guitariste de Melody’s Echo Chamber reconverti depuis en frontman, a sorti son plus beau costume de scène, tout en paillettes, et le show est parfaitement adapté à un après midi finissant. En attendant la grosse déception de la journée, Earl Sweatshirt, on part explorer les lieux. On a juste temps de pédaler un peu pour recharger nos smartphones (on est green jusqu’au bout de l’écran tactile) et de faire le plein de houblon que le membre d’Odd Future monte sur scène. Earl Sweatshirt nous livre un concert qui sent un peu l’ennui, sûrement alimenté par un public ultra statique. On arrive d’ailleurs à traverser la fosse jusque devant le rappeur avec une facilité déconcertante, sans même une seule effluve de Marie-Jeanne pour nous confirmer qu’on est bien venu voir l’un des gamins les plus prometteurs du hip-hop West Coast. La scénographie est minimaliste (Earl, son micro, et un Dj) et le flow est là mais les titres s’enchaînent à pleine vitesse dans une sorte de grand medley. Dommage.
Déçu, on part donc sur l’Electronic Stage voir le Dj set de Lunice, moitié de TNGHT qu’il forme avec Hudson Mohawke. Le parterre est moins dense mais nettement plus réactif aux basses vrombissantes. La sélection est cohérente et juste assez orientée trap pour l’heure de la journée. Le producteur canadien, légèrement survolté, quitte régulièrement ses platines pour nous offrir des petits pas de danse au bord de la scène. Il conclut quasiment avec un Bugg’n (TNGHT) tout ce qu’il y a de plus efficace.
Jungle : le groove du futur
Retour sur la Pop Stage pour voir Jungle, dernière révélation de la perfide Albion qui se dévoile enfin après avoir flirté avec l’anonymat. Les six membres du groupe délivrent une soul moderne et enfumée. On les sent un poil stressés sur les premiers morceaux mais le plaisir de jouer prend vite le dessus. Les deux choristes nous gratifient de chorégraphies parfaitement synchronisées pendant que J et T, les deux producteurs du groupe, font exploser les frontières du groove à coup de glissando synthétiques, de percussions et de lignes de basses bien posées. Le set se termine sur Busy Earnin’ qui nous confirme qu’à 20 ans à peine et sans aucun album de sorti pour l’instant on peut être un vrai groupe de scène. Si Jungle apprend à lâcher prise il deviendra sûrement un grand groupe live.
Lorde et Foals : deux styles, une même maîtrise
Pour nous faire patienter jusqu’à Lorde, c’est George Fitzgerald qui s’installe sur l’Electronic Stage. La fosse se vide presque entièrement quand les premières notes démarrent de l’autre côté du site et la jeune néo-zélandaise confirme dès les premiers titres son statut d’entertaineuse. Dans une configuration épurée (clavier et batterie), Lorde déroule ses titres avec une maîtrise impressionnante et a bien raison de nous toiser du haut de ses 17 ans. Tournoiement de crinière, petits pas de danse, technique vocale irréprochable, même les plus réfractaires à ses morceaux sont obligés de l’admettre : Lorde joue déjà avec les grands. L’art de la scène ne s’apprend pas toujours.
C’est ensuite Foals qui, après s’être fait attendre quelques dizaines de minutes, prend le relais sur la même scène. Le groupe ouvre sur un My Number frontal qui réveille la foule. On connaissait Foals le groupe de rock à guitares acérées, on découvre Foals le groupe pop de stade. Ça en énerve certains, nous on admire la capacité des anglais à s’adapter à leur environnement. Les tubes s’enchaînent en crescendo, accompagnés de la scénographie de lumière la plus travaillée de la journée (en même temps, il fait enfin nuit). Les lasers fusent en même temps que les guitares et le public somme toute assez discipliné de We Love Green se lâche un peu. Quelque soit la situation, Foals est définitivement taillé sur la scène et nous en met plein la tête avec une relative douceur. Yannis Philippakis, le chanteur et guitariste, laisse d’ailleurs de côté la force brute pour dessiner un set un brin romantique; qui se termine quand même par une séance de jam suffisamment énergique.
La fin du concert ne marque pas la fin du festival, Joy Orbison et Boddika mixent à quatre mains sur l’Electronic Stage, mais il est temps pour nous d’attraper une des navettes prises d’assaut par les festivaliers. On retrouve les pots d’échappement de la porte Maillot et on referme brutalement la parenthèse de ce bucolique weekend.
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