Le week end dernier se tenait une édition du Weather sous le signe des collaborations. On s’attarde ici sur l’une d’entre elles : noise et radicale, l’alliance entre Vatican Shadow, Ron Morelli et Low Jack a fait des étincelles. On vous raconte.
Pendant trois jours, le Weather festival investissait le bois de Vincennes, tout près de Paris : après l’aéroport du Bourget l’année dernière, les organisateurs semblaient vouloir reconquérir un peu de verdure pour ce nouveau volet. Cette année, l’organisation s’articulait principalement autour de collaborations. Après Voices from the Lake (Donato Dozzy and Neel), on attendait les associations de Motor City Drum Ensemble Ensemble & Marcellus Pittman, Dj Deep & Roman Poncet, Unforeseen Alliance…
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Pour cette 3e édition, les festivités se déroulaient sur plusieurs scènes tout en présentant plusieurs ambiances, avec pour principaux points d’ancrage la scène Automne et la scène Hiver, l’une déployant une atmosphère douce et festive, l’autre plus violente et cathartique – les deux bien évidemment axées sur la fureur de la fête.
Lettre d’intention
On s’est donc rendu, vendredi dernier, sur la scène Hiver pour assister au set de Vatican Shadow, Ron Morelli et Low Jack, symbole à la fois de l’exigence et de l’esprit défricheur du Weather (même équipe que Concrete, parmi les premiers à inviter les gars de L.I.E.S à leurs débuts en 2011).
Programmer un des représentants de la noise la plus radicale en la personne de Dominick Fernow (Vatican Shadow), le patron de l’un des labels house et techno les plus influents de ces dernières années (Ron Morelli, fondateur de L.I.E.S) et un des producteurs parisiens les plus excitants actuellement (Low Jack) sur le même plateau prenait des allures de lettre d’intention. « Militant Religious Industrial » : voici comment Dominick Fernow décrivait son projet à l’époque de sa première cassette sous le nom de Vatican Shadow en 2011. Allait-on donc assister à un live eschatologique et monstrueux des trois performers ?
Dévier de l’autoroute techno
Low Jack nous avait prévenus, le set ne se limiterait pas à de la power electronic apocalyptique. Lorsqu’on l’avait rencontré, en mai, le jeune producteur nous avait dit :
« En fait c’est Dom qui nous a le plus poussés, ils nous a dit : “Il faut qu’on joue dans un festival techno parce que c’est tellement plus fun” Au final, on a décidé qu’on allait jouer dans un festival techno, et faire un live de techno. On s’est fixé cet objectif là par le biais de Dom, et finalement on s’est dit que ça allait être rigolo de prendre à contre pied certaines attentes. »
Et effectivement, Dominick Fernow avait l’air de prendre ses aises sur scène. Gesticulant dans tous les sens et prenant le micro pour hurler des insanités et ainsi rappeler les performances de son projet Prurient (récemment auteur de Frozen Niagara Falls, double album de noise industriel) – c’est de toute évidence lui qui dominait les débats. Officiant dans un mur de noise tout en appelant aux sirènes du dancefloor, le trio a livré une performance survoltée, entre moments purement bruitistes et bangers furieusement tabasseurs.
Seul hic : le son, dans un espace aussi vaste, aurait peut-être gagné à être plus resserré, plus compact. Là, on a tout de même eu l’impression que les folles fusées lancées par le trio avaient tendance à s’éparpiller dans le bois de Vincennes. Pas grave : en amenant de l’imprévu et du danger dans leur set, Vatican Shadow, Ron Morelli et Low Jack ont dévié de l’autoroute techno purement fonctionnelle qu’aurait pu appeler une telle performance. Tant mieux.
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