Le festival de Dour, en Belgique, mise depuis 1989 sur un éclectisme de bon aloi et des prix taille-basse. Au programme de cette édition 2010: Faith No More, the Maccabees ou encore Simian Mobile Disco…
« Idéalement situé » comme on dit dans l’immobilier, Dour, à 15 km de Valenciennes et collé à la frontière belge, mise depuis 1989 sur un éclectisme de bon aloi et des prix taille-basse.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« Cœur de cible ?», comme on dit dans le marketing : un public jeune, open et méchamment porté sur la fumette sur ce site où sont réparties pas moins de six scènes. Cette « Plaine de la Machine à Feu » au nom évocateur a d’ailleurs une superbe sculpture tournante pour figure de proue, avec douze plateaux enflammés. Toujours distrayant en cas de baillement devant la grande scène.
A Dour, encore, on ne croisera pas le même public que chez les voisins flamands de Werchter ou du Main Square à Arras. Ici, foin d’affiches bobo-rock, c’est le côté roots qui prédomine, la pêche à la découverte du petit groupe qui deviendra grand.
A 90€ le forfait 4 jours, Dour coûte moitié moins que Werchter et dure deux fois plus longtemps. Alors certes il ne s’offre pas Muse comme on va chez Shopi, mais s’est fait au fil des éditions une réputation de « trendsetter » attirant le curieux. Ils étaient 31 000 jeudi soir.
Les festivaliers emballés par Wax Tailor
Dans l’idéal, on se disait que le buzz Stromae que l’on entend sur les ondes jusqu’en Hollande aurait eu sa place ici. Mais bon, on ne peut pas avoir le nez creux à 100%. Quoique ça dépend de ce qu’on met dedans…
Plus de 40 groupes jouent chaque jour. Bien moins pour nous, faute d’organisation au taquet. Une très grosse heure pour tourner autour de la ville via des itinéraires plus que bis et récupérer les pass. VIP, volontaires et journalistes formant une loooongue file, on patiente donc sous le soleil.
Eiffel, que l’on entend dans le lointain a l’air de s’en sortir plutôt bien. Mais l’atmosphère de BO torturée prodiguée par les Allemands Get Well Soon, dont on voit des bribes, passe mieux sur disque.
Les Brightoniens de the Maccabees aux deux abums d’une pop teintée d’amertume représentent avec brio la famille Interpol/Editors. Le quintet héroique aux airs de poster boys a su s’imposer sur scène avec Can you give it et autres No kind words.
On n’est pas forcés d’aimer Wax Tailor, mais le groupe trip hop aux flonflons électro-violoncelle confirme le bouche à oreille qui les entoure. Les festivaliers, dont un sur cinq porte des dreads et un sur dix jongle, sont emballés.
Au paradis de la fumette
Un tour au market permet de le rebaptiser illico paradis de la fumette. Feuilles aromatisées, bongs et mini bongs -pour les moins de 12 ans ?- grinders pour moudre son herbe aussi finement qu’un arabica, et, pour la fashionista locale, sarouels à la pelle. Hélas, pas l’ombre d’un disquaire, mais Dour brassant large, les vendeurs spécialisés ont peut-être redouté de ne pas écouler leur stock.
Rien que pour son nom, un passage par « La Petite Maison dans la Prairie » s’impose. Hélas nulle trace de Laura Ingalls en train de refaire ses tresses parmi les jonquilles, juste les cinq Ricains de Devildriver, metalcore jusqu’au boutiste emmené par l’ex Coal Chamber, le cintré Dez Fafara. On chanterait bien 30 secondes avec eux, mais la peur de choper un aphte nous en dissuade.
Alors bref passage à la tente presse, ses sofa cosy, son style hippie chic pour éviter la queue à la buvette. Puis l’on suit les ouailles de Faith No More allant quérir leur ration de metal ambiancé du soir.
« Mais arrêtez de vous trémousser là-dessus ! »
C’était déjà flagrant à Rock en Seine, mais même sans grand écran, le chanteur Mike Patton évoque toujours José Garcia avec ses postures de crooner rital en costard lamé et sa coupe de mac latino gominé comme il se doit. On appréciera l’humour grinçant du gus fatigué d’entendre des remugles de dance s’échapper des autres tentes entre les morceaux:
« Mais arrêtez de vous trémousser là-dessus ! Même à l’enterrement de votre mère si vous entendiez ce genre de boomtchack dehors vous vous mettriez à remuer comme des glands ! »
Malgré un petit son pour une tête d’affiche, Faith no More classy comme il sait l’être présente quelques inédits en sus des classiques à la Epic ou Midlife Crisis. Le Ben de Michael Jackson sera même gentiment saccagé version gnangnan par le quintet de San Francisco. Patton tentant ensuite de faire grimper un bambin sur scène qui, apeuré, préfèrera vite les bras de sa mère.
Entrer sous une tente en visiteur plus qu’en connaisseur
Ensuite place à la dance qui sourd de toutes les tentes alentour. Dour, c’est aussi ça. Accepter de se laisser porter par l’électro enthousiasmante de Murdock ou le DJ set envoûtant de Moderat. Entrer sous une tente en visiteur plus qu’en connaisseur -le public est jeune rappelons-le- et finir frétillant devant la prestation des sismiques Simian Mobile Disco.
A 1 h on remballe « bercé » par un mix infernal du Let there be rock d’AC/DC relu méchamment indus par le Bal des enragés. Le grand écart jusqu’au bout de la nuit.
Dour persiste et signe jusqu’à dimanche soir : Mass Hysteria, Pony Pony Run Run, De La Soul, Ghinzu ou Raveonettes et… plein de reggae
{"type":"Banniere-Basse"}