Après Albert Hammond Jr lundi, on est retourné à la Maroquinerie mardi soir pour Ty Segall et White Fence, soit une double affiche très alléchante. Récit.
Si Albert Hammond Jr chante les yeux grand ouverts, voire écarquillés (ce qui fait un peu peur), Tim Preysley, aka White Fence, se penche sur son micro les yeux immanquablement fermés. Pas un regard pour le public. L’attention du Californien- auteur de quatre albums sortis sous son nom de scène « White Fence » (auxquels s’ajoutent différentes collaborations, notamment avec les Strange Boys sur Be Brave)- est toute tournée vers sa précieuse guitare qu’il gratte comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Car, chez White Fence, le chant est secondaire. Le trône est réservé aux guitares, à leurs embardées et à leurs folies, qui transforment ici et là son rock sale et sauvage en écho du free jazz : même incroyable liberté, même amour de l’expérimentation, même lâcher-prise. Un cocktail envoûtant que portent, aussi, les musiciens qui entourent Tim Presley, dont un guitariste joliment maquillé.
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White Fence et Ty Segall étant très amis – au point d’avoir réalisé un très bel album en commun, Hair, en 2012- c’est sans surprise son comparse californien qui assure la seconde partie de soirée. Deuxième déception (après les yeux fermés de Tim Presley) : Ty Segall a décidé de se la jouer « Nirvana unplugged » en jouant assis. Sauf qu’être assis ce n’est pas le bon plan à la Maroquinerie où la scène n’est pas beaucoup surélevée par rapport à la fosse. Résultat : on n’a fait qu’entrapercevoir les mèches blondes du chanteur-guitariste (dont la coiffure rappelle d’ailleurs celle de Kurt Cobain). Après avoir passé en revue un paquet d’hypothèses pouvant justifier cette posture, on en a conclu que Ty avait trop mangé (on l’avait surpris en train de faire entrée-plat-dessert au restaurant de la salle un peu plus tôt…).Mais, miracle, Ty Segall parvient à faire l’impossible : à livrer un concert magistral tout en restant assis.
Autre originalité : le prolifique californien (auteur de douze albums depuis 2008 et tête pensante du groupe Fuzz) joue Sleeper, son dernier album -acoustique et donc plus calme que les précédents (sans être morose)- dans l’ordre. On commence donc avec Sleeper, peut-être le plus beau morceau de l’album, avant de poursuivre avec les tout aussi attrape-coeurs Crazy, The Man Man, She Don’t Care, sur laquelle se dessinent des relents Beatlesiens, etc.
Autre miracle: sa positon assise ne décourage pas du tout le public, dont une partie se lance dans un pogo frénétique, bras en l’air et tête tourneboulante, tandis que d’autres entament des slams. Des cris fusent. Des encouragements aussi. « Cool, man » lâche un type au fond qui a du se croire dans un concert de reggae. L’ambiance est électrique.
Une fois Sleeper bouclée, Ty (qui semble avoir décidé de battre son record de concert le plus long) enchaîne avec ses morceaux cultes (Girlfriend, Caesar, notamment) dont les refrains sont repris en chœur par le public. Au bout d’une heure et quart de concert et après un rappel, la star de la scène garage-psyché californienne quitte la salle. « On dirait du MTV unplugged mais plugged » nous avait dit une spectatrice de son concert londonien. On ne peut qu’acquiescer.
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