Phénomène new-yorkais aux confins du hip hop, de la pop, de l’absurde et du génie, fan des Smiths, de soul et des Jackson 5, Theophilus London a épaté, cette semaine, la Flèche d’Or. On y était : on vous raconte.
« C’est de la soul, existe-t-il quelque chose de meilleur ? » aime-t-il à dire de sa musique. Pour la soul, chacun aura son avis bien tranché. Lui, à le voir sur scène en totale délectation, on le sait sincère De sa tournée européenne Europe, I want you, il n’aura laissé à la France que le souvenir de cette soirée à la Flèche d’Or, club au passé de gare industrielle.
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Europe, il te veut. Mais il veut tout, le keum de Brooklyn : il mangerait bien les 5 continents et boirait tous les sons qui battent la chamade à son tympan. Apparemment, tout vouloir n’a rien à voir aux Etats-Unis avec la torture de notre Antigone Européenne. Theophilus jongle d’une façon déconcertante avec les styles et les influences, explore les trois dernières décennies et la terre d’ébène de ses ancêtres, notamment avec une reprise des tourtereaux de Bamako Amadou et Mariam.
Sur fond de soul pop etc hiphop, post-punk et électro valsent avec des sons rappelant le funk ou encore la RnB. Un savant mélange plus grisant que déstabilisant, offert dans l’absurde et géniale This Charming Mixtape l’an dernier. Ce type, qu’on pourrait prendre pour un énième mouton du rap US, se présente sans étiquette. Ou plutôt s’est collé une multitude de post-it, il est de la veine des passionnés. La musique ne nous appartient pas, et toc, voilà pourquoi il reprend chansons et courants sans complexes ni limites.
A la Flèche d’Or, il est apparu comme un dieu après avoir fait poireauter les parisiens déstressés et avant la prestation un poil agressive de Tahita Bulmer (New Young Pony Club) et de ses musiciens en poneys bien dociles. Pas de souci, on a le temps, l’humeur est bonne -même une colonie de fourmis flottant sur la mousse d’un Monaco, coup du barman attentionné, parait « so nice ».
Très vite, Theophilus London intrigue la salle et son horloge déreglée : chaque morceau est un univers en soi, un melting pot. Humdrum Town, très danse et sunny, rétro mais moins que le lieu qui se travestit soudain. Premiers grincements des cuivres de Life of a Lover, voilà le caméléon en crooner de NYC et le public, toujours baigné dans la séduction, passe de l’envie de draguer au soleil à une ambiance plus cuir et cigare.
Theophilus London balance le meilleur de ce qu’il a. Pas frileux, il vit et danse sa musique, fait corps à corps avec son public. Le Dandy le revendique : traumatisé par The Smiths et Jackson Five, il ne peut s’empêcher d’y puiser à la louche ses influences. Curieux phénomènes de mimétisme à Paris : subjuguées par l’émotion, quelques groupies se transforment presque en pleureuses et hurleuses de feu Bambi. Un showman nous a été donné, mais gare aux idées reçues, l’électron libre est bien parti pour surprendre et en vouloir plus après l’odyssée européenne.
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