The Luyas nous avaient offert en ce début d’année un disque magnifique, auréolé de mystère, intitulé Too Beautiful To Work. Une de ces perles rares enfouies dans le sable, dont un éclat de soleil sur la nacre peut faire tomber amoureux. Retour sur le concert des Canadiens à Mains d’œuvre.
En concert pour la première fois à Paris mardi, le quatuor Montréalais a libéré ses morceaux avec une grande douceur, les a transformés en petits coffres à bijoux, brodés de fils d’or et vêtus de satin. Sous la petite voix de sorcière de Jessie Stein, il y a tout un monde de chansons intimes et bouillonnantes, grouillantes de détails, gonflées d’une avide curiosité, bidouillées sur toutes sortes d’instruments pour petits et grands.
À la base, il y a Pietro Amato, corniste d’expérience (ex-Arcade Fire, Torngat, Bell Orchestre), qui fait de son instrument une véritable machine à sons, bien plus qu’un objet mélodique, plutôt un souffle feutré qui se glisse et se travestit à travers un habile maniement de son plateau d’effets.
Aux claviers, son complice Stefan Schneider (Torngat, Bell Orchestre) trimballe ses doigts comme sur l’eau, pianote un peu partout, sort des riffs qui délient les mâchoires, se fait fantôme ou esprit coquin, pendant qu’à la batterie Matthieu Charbonneau est entièrement libre.
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Et puis cette petite sorcière aux yeux pétillants, douce et malicieuse, dont la voix haut-perchée rigole au sommet, elle se nomme Jessie Stein. Elle accompagne aussi Graham Van Pelt dans son projet Miracle Fortress, dont le deuxième album est sorti mardi. Elle pose ses doigts de fée sur une guitare, un sitar électrique à douze cordes, ou elle rejoint ses bidouilleurs de garçons sur les différents claviers. Mais toujours, elle a ce regard posé sur le public, ce regard qui vous fait frémir et vous sentir seul devant elle. On aurait voulu sa délicate voix un peu plus présente, mais on la comprend d’avoir plutôt choisi de se fondre dans ce splendide magma aux milles teintes.
The Luyas donnaient mardi le coup d’envoi pour une tournée européenne de 24 dates, la plupart en première partie des Dodos. Les magiciens seront de retour à Paris le 18 mai, au Point Éphémère. Nul besoin de vous dire que vous seriez fous de ne pas essayer. Sans compter que de les encourager à revenir pourrait mener à de fantastiques envoûtements, comme ceux réalisés à Montréal et à Brooklyn l’an dernier, et dont on peut avoir un aperçu ici :
En prime, le dernier clip des Canadiens
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