Trois ans après le dernier album Konk, les Kooks étaient de retour dans une Cigale complète et enthousiaste : récit.
Ça fait une éternité : trois ans déjà depuis Konk, le dernier album studio des Kooks. Les filles de 15 ans ont désormais 18 ans : une vie. A l’échelle d’internet et de sa frénésie de hypes et de sons neufs, cette absence semblait fatale : qui se soucierait encore aujourd’hui de ces jeunes vétérans, de ces fringants dinosaures ?
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La réponse est venue des guichets : en quelques heures à peine, sans la moindre affiche, sans le moindre nouveau disque en radio ou dans les bacs, même virtuels, ce concert parisien du groupe de Brighton était complet. Premier constat en rentrant à La Cigale : 1 500 adolescentes tassées, ça ne tient pas beaucoup de place. On a connu des concerts au même endroit où, avec 1 500 places vendues, on ne pouvait pas bouger. Là, ce public étonnament jeune (les petites sœurs ?) bouge verticalement, en un pogo sur place, maladroit, surexcité.
Et d’entrée, les Kooks jouent le jeu, minaudant sur un best of à l’efficacité diabolique, enchaînant sans pause respiratoire See The World, Eddie’s Gun, Always Where et Ooh La. A quoi mesure-t-on un groupe de pop plaisant vraiment aux jeunes filles : aux hurlements stridents qui accompagnent chaque mine, moue, mouvement de Luke Pritchard. Avec un public ainsi conquis d’avance, à ses pieds, le chanteur aurait pu se contenter de son petit théâtre : mais sa joie, voire son soulagement, de retrouver la scène semble trop viscéral pour être simulé.
Aucune économie dans ce concert tout en euphorie, en générosité, seulement gâché, régulièrement, par un batteur complètement absent ici ou trop présent là. On ne sait pas ce qui relève de l’innocence ou de la perversité dans cette façon qu’a Pritchard de manipuler ces jeunes filles soumises à ses refrains, mais on observe les parents, venus accompagner leurs blondinettes, quand le groupe leur fait hurler à l’unisson, très longtemps : “Do you wanna make love to meeeeeee?” Et ils fout un peu la gueule : leur fillette ne recevra peut-être pas le futur troisième album, Junk Of The Heart, en cadeau pour son passage en seconde.
Les Kooks testent quelques nouvelles chansons (six, mais pas les deux prochains singles, visiblement pas encore maîtrisés sur scène), habilement glissées entre deux valeurs sûres. Naïve, imparable une fois encore, est par exemple chanté à plus fort volume dans la salle que sur scène ! Les nouveaux titres paraissent plus complexes, plus ambitieux, mais sont quand même accueillis par le public comme de vieilles connaissance : il y a résolument une touche Pritchard, mélange d’emphase et de murmure qui fait mouche sur Carried Away ou Is It Me?. Eskimo Kiss a déjà des allures de petit tube, le groupe y retrouvant une fougue juvénile et une simplicité qui fera peut-être défaut à l’impensable Saboteur, morceau tortueux et pas encore vraiment domestiqué, sur lequel les Kooks se lancent sans retenue aux trousses de Queen.
Une première générale avant d’affronter les festivals d’été : de gros réglages encore (changer de batteur, est-ce un réglage ?), mais les Kooks ont prouvé que leur courageuse, suicidaire absence était payante – et qu’on ne changeait pas une équipe qui gagne. “Nothing ever changes”, dit leur chanson.
Crédit photo : Rheasmith sur Flickr
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