Rihanna faisait escale en Belgique cette semaine, juste avant de s’offrir le Stade de France. Récit de sa prestation incandescente au palais des sports anversois le 6 juin.
Après le double sold out à moitié postposé de la reine Beyoncé et avant celui d’Alicia Keys déjà annoncé (ce samedi 8 juin), c’était au tour de Rihanna de venir dandiner des hanches – qu’elle a fort jolies – en terres belges. Un événement en soi lorsque l’on sait que la tornade de la Barbade a fait souffler ses vents brûlants deux soirs durant au Sportpaleis d’Anvers, cumulant ainsi plus de 35,000 spectateurs. Elle venait y étrenner Unapologetic, son septième et dernier album en date, dans le cadre d’un Diamonds World Tour retentissant, entamé aux États-Unis en mars dernier.
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Au Royaume du R’n’B, où la reine Beyoncé règne au côté de son preux chevalier Jay-Z, Robyn Rihanna Fenty, elle, joue les princesses jamais soumises et toujours indisciplinées. La catin de la cour qui fait tourner les têtes, la fille de mauvaise réputation, la sulfureuse… En un peu moins de dix ans de carrière, elle s’est à la fois imposée comme une star people internationale et une icône incontournable de la pop music. Livrant sa plaque et ses deux ou trois singles imparables annuels depuis 2005 (exception faite en 2008) avec la précision d’un métronome. Un sex-symbol aussi, car si d’aucuns l’imaginaient digne héritière de Diana Ross ou d’Aretha Franklin, Rihanna, elle, se rêve plutôt en black Madonna et marche – aujourd’hui blonde platine – dans les pas encore chauds de son idole. Un mètre 73 de provoc’ et de sensualité qui aujourd’hui dépasse sa maîtresse, à une époque où les limites de ce qui est permis sont repoussées sans cesse.
Depuis ses débuts à 15 ans, Rihanna a bien changé. Si elle demeure plus que charmante, elle est loin la fraîche demoiselle qui prenait la pose sur la pochette de Music of the Sun. Oubliée aussi la jeune chanteuse de A Girl Like Me qui regrettait ses infidélités (cf. Unfaithful). Depuis Good Girl Gone Bad, la petite fille sage file un mauvais coton. Désormais, textes, imagerie et chorés se situent davantage au sud de la ceinture, à l’image de ces mots extraits de Loud: « Cause I may be bad, but I’m perfectly good at it – Sex in the air, I don’t care, I love the smell of it« .
Ses propositions indécentes, Rihanna va les dérouler sous nos yeux au fil de six tableaux bien huilés et autant de tenues griffées par Givenchy. Multipliant les clins d’œil et les poses lascives, allumant à l’envi. Des débuts théâtraux, sur fond de Grèce antique et au pied d’une Venus de Milo, notre hôte passe rapidement la seconde et fait monter le mercure, usant de toute sa Cockiness (on vous laisse le soin de traduire) et se frappant allègrement le pubis de la paume à l’heure d’entonner Birthday Cake (sous les yeux ébahis des têtes blondes en présence). Malgré l’heure de retard imposée, ça réveille d’un coup. Rihanna enfile ensuite ses cuissardes blanches pour emmener la foule en Jamaïque, vers ses premiers amours reggae. Plus triviale que jamais, sur Rude Boy, elle rit de ses partenaires précoces (« Come here, rude boy boy – Can you get it up? Come here, rude boy boy – Is you big enough? »), passe la langue, se baisse, se cambre, ferme et écarte les jambes, en meneuse de revue coquine qu’elle est. Pour l’acte 3, Rihanna se meut en Black Mamba, dans une tenue de motarde tarantinienne de cuir jaune et rouge des plus affriolantes.
Elle évite le feu craché par les lances-flammes à l’abri de son Umbrella, ondule et joue les charmeuses de pied de micro au son de All of the Lights (sans Kanye) et termine par une session d’air guitar carré blanc sur Rockstar 101. Puis elle revient dans une robe rouge (qui rappelle celle qu’elle portait aux Grammy Awards) pour un intermède romantique. Quelques chansons d’amour souvent déchu – une jolie « Loveeee Song » sur la voix vocodée de Future – avant le bouquet final. La belle aligne alors ses bombes les plus club, de We Found Love à Don’t Stop The Music en passant par S&M et Only Girl (In The World). Enfin, la salle semble se réveiller et l’héroïne de tous d’enfin se lâcher. Pour la première fois, son sourire semble spontané et Rihanna joue les nymphettes sautillantes pour les premiers rangs.
En rappel, cette fois vêtue d’un costume scintillant que ne renierait pas Bowie, la princesse conclut dans l’élégance de ses derniers singles en date. Diamonds fait suite à Stay sous le crépitement des flashs et c’est l’heure de partir. Ce soir, Rihanna fut scolaire et aguicheuse. Mais il en faudra plus pour dompter 80,000 fans le 8 juin au Stade de France.
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