Chaque année le Printemps de Bourges inaugure la saison des festivals avec une programmation audacieuse mixant découvertes francophones et confirmations internationales. La preuve encore cette année à l’occasion de la 39e édition…
Jour 3 – dimanche 26 avril
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C’est sous un ciel cerné de longs nuages gris et chargé de pluie que se lève le troisième jour du Printemps de Bourges. Encore un peu ivre et amoché par la Rock’n Beat Party de la veille, le site se réveille timidement, et peu à peu les vendeurs de t-shirts reggae et stands à chichis rouvrent leurs étals. Pour se mettre en jambe, on se dirige vers la scène gratuite de Pression Live ! qui accueille les Annéciens The Pirouettes : rien de tel qu’un bon bain à bulles pop pour se remettre des émotions de la veille (lire jour 2) !
Amoureux à la vie et duo sur scène, Vickie Chérie et Leo Bear Creek s’installent derrière un cocon brinquebalant de synthés analogiques, claviers numériques et percussions. Ces teenagers célèbrent l’heure d’or des années 80 de leurs idoles (Elli & Jacno, France Gall, Rita Mitsouko), et chantent un amour éternel sans divorce et des vacances aux USA (Un mec en or).
Mélodies electro-pop sautillantes et paroles naïves assumées nous projettent dans un film de la Nouvelle Vague, et ce n’est peut-être pas un hasard si un de leurs tubes se baptise Le Dernier Métro. Espérons en tous les cas que Briller comme les étoiles rappelle à l’ordre les dieux de la météo et autres gourous de labels pour veiller sur eux.
Avant que les foudres de Bourges ne s’abattent sur nous en une pluie fine et décadente, l’Espagnol Bigott vient réchauffer les esprits de cette scène extérieure et concentrer la foule sous l’auvent. Rappelant Sébastien Tellier pour son univers totalement foutraque, inclassable et excentrique, mais aussi l’Anglais Beck pour sa prolifique bibliothèque musicale, on plonge la tête la première dans ses chansons pop mélodieuses et terriblement 90’s (époque House Of Love). Célébré dans son pays et redécouvert par Radio Nova en France, le sixième album du Castillan Pavement Tree – sorti à la fin de l’année 2014 – est une véritable déclaration d’amour au public, épurée et sincère : la BO parfaite d’un dimanche après-midi.
Pour continuer les festivités dominicales, on se dirige vers le Palais Jacques Cœur, petit écrin rouge et doré, en velours et en bois, qui abrite un plateau terriblement séduisant (et à l’abri des gouttes). C’est le Bordelais d’adoption, Perez qui inaugure le plancher et va nous sécher en moins de deux grâce à ses chansons synthé-pop, en français dans le texte. Après l’avoir rencontré sur des scènes parisiennes quelques mois plus tôt, on assiste à une certaine émancipation du personnage, déjà connu pour ses frasques chez Adam Kesher. De ses petits pas de danse serrés et bras collés contre son torse comme un jogger, il navigue d’une frontière à l’autre de la scène : on sent une certaine sensualité déborder de ses lèvres et un plaisir timide s’y échapper. Accompagné par trois musiciens infatigables (batterie-claviers-basse), les textes s’enchaînent mais ne se ressemblent pas : une histoire d’amour avec une bagnole (Chrysler, une reprise de Dashiell Hedayat), la transformation quasi fantastique de Perez (La Chaise), une conquête promise (Gamine), la noirceur d’âme d’un prince d’Aquitaine (Prince noir) et une fin heureuse et clubbeuse (Les vacances continuent, extrait de son premier EP).
Après un bref changement de plateau, vient le tour des Flamands Balthazar, tant attendus sur scène depuis la sortie de leur troisième album Thin Walls – composé lors d’une interminable tournée de deux ans. Et autant dire que cette joyeuse bande-là n’a rien perdu de sa superbe : pendant une heure, on se roule par terre de plaisir en observant leur gymnastique pop catchy et en écoutant les voix sensuelles des charismatiques leaders Maarten Devoldere et Jinter Deprez. Scéniquement, on se régale de leur nonchalance et de cette aisance à faire à peu près tout ce qui leur passe par la tête, sans paraître arrogant ni négligé : discuter pendant un solo de batterie, sauter sur les podiums pour boire un coup, s’asseoir insoucieusement sur un côté de scène, ballotter sans arrêt leurs instruments ou encore réconforter tendrement leur violoniste grippée. On pourrait presque croire assister à une répétition de salon, et cette intimité nous les rend encore plus sincères et brillants. Mélodiquement, l’équation des genres est parfaite, entre Arctic Monkeys et dEUS, c’en est presque décourageant de constater que la nation belge n’a rien perdu de ses pleins pouvoirs pop !
A.A.
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