Hier soir, l’ancien Beatles récitait à nouveau une grande leçon d’histoire de la musique à Saint-Denis. Macca, dieu du stade.
On a eu plusieurs fois l’occasion de voir Paul McCartney et son show grandiose ces quinze dernières années, l’ancien Beatles ayant régulièrement posé sa basse et ses complices sur les scènes de Bercy et du Stade de France. Le show de Macca, du coup, on le connaît presque par cœur avant d’en avoir vu la dernière version : quasiment trois heures de musique piochée dans le répertoire des Fab Four et le sien, avec ou sans Wings.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Alors bien sûr, les mauvaises langues pourront pointer du doigt le caractère formaté de l’événement, le côté grand spectacle avec feux d’artifices, décor stéréotypé (toits en zinc parisiens et accordéon pour Michelle…) et la setlist et les déclarations calibrées. Mais c’est ainsi : on ne va pas voir McCartney au Stade de France comme on irait voir Godspeed You ! Black Emperor au festival ATP.
De notre côté, la seule réserve qu’on s’autorisera s’agissant de la prestation d’hier soir, encore une fois spectaculaire, de Macca, concernera sa tendance un peu fâcheuse à jouer trop de morceaux récents sans saveur. Sur le reste, les applaudissements, et même les olas, seront de mise.
Si Saint-Denis est connue pour héberger les tombeaux des rois de France, le souverain Macca, lui, affichait hier encore une vitalité et une énergie impressionnantes, d’autant plus remarquables que le chanteur soufflera sa soixante-treizième bougie jeudi prochain. La machine de scène McCartney est irrésistible. En plus des tubes innocents mais toujours impeccables de la première période des Beatles (Eight Days a Week, Another Girl, I Saw a Standing There, I’ve Just Seen a Face), Macca déroule ce qui restera probablement la plus vertigineuse quantité de classiques pop réunissables en un seul concert (Let It Be, Hey Jude, Eleonor Rigby, We can work it out, Paperback Writer, The Long and Winding Road, Yesterday, Back in the USSR et même le dispensable Ob-La-Di Ob-La-Da).
L’ombre des Beatles est partout, bien sûr, et McCartney sait qu’il doit à ses anciens copains. Etonnamment, il endosse le rôle de Lennon (à qui il dédiera aussi, comme il a l’habitude de le faire depuis vingt ans, le sobre Here Today) sur le psychédélique For the Benefit of Mr Kite, puis emprunte la casquette de George Harrisson dans un épatant Something en forme d’hommage au guitariste disparu : démarrée au ukulélé, sa ballade amoureuse s’achève dans une splendide explosion de guitares et d’arrangements.
Riche d’un répertoire incommensurable, Macca créé la surprise en reprenant des titres moins attendus. Il pioche le génial et très électronique Temporary Secretary dans son méconnu McCartney II, conscient peut-être qu’il joue là dans le pays de Daft Punk- dont on apprendra qu’ils étaient d’ailleurs dans le public. Il ressuscite la Lovely Rita de son Sergent Poivre, et, porté par un piano extatique, dégaine l’excellent Nineteen Hundred and Eighty Five, ultime morceau de Band on the Run des Wings, qu’il revisite aussi forcément. De sa formation ailée, il joue aussi le délicieux Another Day. All Together Now, échappé de la B.O de Yellow Submarine et dédié aux enfants dans le stade, fait aussi une apparition occasionnelle. Plus fréquent mais toujours bouleversant : il va dénicher dans son premier disque en solo l’époustouflant Maybe I’m Amazed, déclaration d’amour à étages qu’il dédie à Linda, disparue il y a dix-sept ans. Emoi également sur Blackbird, sur qui le temps n’a pas de prise. A minuit, avant que tout le monde se transforme en citrouille, le concert, pareil à la discographie des Beatles, s’achève, après deux rappels, sur l’indémodable triptyque Golden Slumbers-Carry That Weight-The End, après trois heures de show et pas moins de… quarante-deux morceaux. Un marathon de pop en somme.
PS : Et si Paulo lit ces lignes, on lui transmet notre fantasme : le retrouver un soir sur la scène de l’Olympia pour un concert hors-normes où il reprendrait Blackbird, Dear Boy, Martha My Dear, For No One, Heart of the Country, Dear Friend, Helter Skelter, Let It Be, Hey Jude, Rocky Raccoon, Here There and Everywhere, I’ve Just Seen a Face, Your Mother Should Know, BlueBird, You Gave me The Answer, Mother Nature’s Son, Things We Said Today et Two of Us.
{"type":"Banniere-Basse"}