Confirmation rentre dedans des nouvelles aspirations musicales du Moz, hier soir au Zénith de Paris. A 50 ans, l’ex président du fan club des New York Dolls adopte la ligne de conduite de ses idoles en misant sur le viril plus que le subtil.
Déjà on croisait les doigts pour que la soirée aille jusqu’à son terme puisque en ce moment on tourne à une annulation par semaine avec Morrissey ! Mais hier pas d’évanouissement à déplorer au bout d’un titre comme à Swindon le 24 octobre et pas d’annulation pour cause de bouteille jetée sur lui au bout de deux comme à Liverpool samedi. Quant aux bouffeurs de kebab indélicats pour les naseaux veggie du Moz ils ont du rester bloqués à la frontière belge ! Le concert devrait donc se passer sans anicroches, surtout avec les assos végétariennes présentes dans les travées du Zénith… Dans la salle (en petite configuration et scène avancée), en guise d’amuse bouche, des scopitones 60’s défilent avant une interview de Lou Reed en 74 -un autre ami de la presse-, puis une prestation des New York Dolls à la télé allemande. Le glam qui tâche des new yorkais était-il censé donner le ton de la soirée ? Toujours est il qu’à 21h pétantes l’ancien responsable de leur fan club anglais entre en scène et ne fait pas dans la dentelle, en détricotant avec joie les canevas de guitares de Johnny Marr sur un This charming man bourrin. Black Cloud, un des six morceaux de Years of Refusal enchaîne et sans trop d’intermèdes parlés la soirée suivra son cours sur un ton assez binaire.
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Derrière Stephen Patrick, le groupe est habillé à l’unisson, tels the Hives en kaki ou bien est ce le fait de voir le gros Boz Boorer qui nous rappelle le gratteux mastoc des suédois. En même temps, musicalement on n’en est souvent plus loin des Hives : riffs boostés à l’EPO, batteur démonté et frénésie de poulet décapité ! Quand on voit comment ses zicos envoient le bois on comprend que Momo ait eu des palpitations à Swindon. Mais ce soir ça va même si seulement 17 titres seront joués, recevant un traitement assez bodybuildé, à l’instar des pectoraux du patron qui ne cesse de se déboutonner. Forcément à ce tarif là au bout d’1 h 15 tout mouillé, c’est la rupture d’anévrisme qui guette. Un seul rappel du coup, l’enflammé Something is squeezing my skull, l’habituel lancé de chemise du chanteur, -la 3e– puis les lumières reviennent sous le regard goguenard du gangster Paolo Chiari en fond d’écran, seul élément de déco de la scène.
On réalisera ensuite que le Moz a hélas rippé sur sa set list et zappé le Moon over Kentucky des Sparks. Quant à First of the gang to die son dernier vrai hymne (en 2004) on ne pige pas plus les raisons de son passage à la trappe que celui de Because of my poor education, face B issue du récent Swords. Bref, comparé aux lillois honorés deux jours plus tôt du passage de Sa Majesté des Glaïeuls, on se sent un peu roulés dans la farine. Bien la peine de faire tout un fromage de Paris, de l’enlacer sur son dernier single en date pour ensuite lui jouer l’hôtel du cul tourné en live. Il y’a pourtant de vrais réussites, comme l’apport des guitares hispanisantes venant enluminer When I last spoke to Carol ou le suscité I’m throwing my arms around Paris, ainsi que la face B Teenage dad on his estate. Et sur les six titres des Smiths à l’honneur ce soir, Cemetry Gates et Ask redonneront un bon coup de fouet au public alors que le toujours habité How soon is now n’a pas perdu son mojo au fil des ans. Reste que l’anodin Ganglord opère un peu trop sur les mêmes climats et qu’on se demande si les set- lists ne sont pas élaborées à pile ou face quand on voit le répertoire à se damner que possède Morrissey et ce qu’il en fait !
Mais cabotin, entêté et émancipé de tout diktat économique ou artistique, (il a incité ses fans à ne pas acheter de rééditions sur lesquelles il ne toucherait pas de royalties). Le Moz n’en a cure et semble en pleine phase « d’adolescence du pré-retraité ». Il a commencé subtil il finit viril. A la punk qui dépote, limite majeur tendu bien haut. Mais pas plus tard que 22 h 15. Du moins les baby sitters seront-elles libérées de bonne heure.
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