Une salle entière se transformant en capitale en fusion du plaisir infini : c’était le Nouveau Casino, c’était Misteur Valaire et Orange Orange et c’était fantastique. On y était, on en est pas revenu, on vous raconte quand même.
33°C rue Oberkampf. Bonne nouvelle : le Nouveau Casino est climatisé. Mauvaise nouvelle : on finira quand même liquéfié, exsudé, fluidifié, les jambes en feu, les genoux ébouillantés, les cheveux détrempés. Le corps fatigué, mais les zygomatiques crampés : on a assisté ce soir, dans la salle, à la réinvention de la fusion nucléaire entre groove malade et hédonisme absolu, sans un atome d’uranium sale mais dans une radioactivité douce et béate qui ferait rêver n’importe quel chercheur de Cadarache.
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La première partie du groupe, les camarades québécois Orange Orange, ne sont pas pour rien dans l’impressionnant et progressif réchauffement des humeurs. Toujours sexy en diable, drolatiques et spectaculaires, Dom Hamel et Sabrina Sabotage assurent méchamment. Uniques penseurs et concepteurs d’un univers qui n’appartient qu’à eux, sur le fil entre en bricolages dingos, expérimentations zigotos et gros clins d’œil variétoche (une reprise géniale du Bal Masqué fera pouffer toute la salle), le duo est clairement de plus en plus rôdé –avec eux, même les pains techniques deviennent brioche adorable- et prépare parfaitement le terrain pour ce qui suit.
Ce qui suit, c’est la folie. Entre hip hop en caoutchouc, électro rondelette, pierre’n’roule, pop maline, en pleins chassés-croisés d’un peu tout mais jamais de n’importe quoi, la musique de Misteur Valaire, Québécois également, est un kaléidoscope qui fascine l’esprit quand les membres lui laissent quelques instants pour mouliner, une impressionnante machinerie de bricolages savants, un terrain de jeu sur pneumatiques imprévisibles pour gamins très, très turbulents. A peine le temps de tourner de l’œil sur une charge de beats que des cuivres virtuoses viennent foutre un souk formidable, à peine le temps de se mettre à rebondir dans l’infini et au-delà que, d’un contre-pied inattendu, d’une montagnes russes à danser au plafond et sans ceinture, d’une chorégraphie frappadingue ou d’une basse uppercuteuse, les garçons nous montrent qu’on peut encore aller un peu plus haut dans le franc plaisir.
A peine apprivoisé, à nouveau sauvage : le set ne s’arrête jamais de derviche-tourner, les rares morceaux un poil plus faibles que les autres restent bien au-dessus du lot commun, les garçons développent une énergie démente et une précision collective démoniaque. Le groove du groupe de Montréal via Sherbrook(lyn) est absolument monstrueux : Misteur Valaire, sur scène, est sincèrement l’une des plus impressionnantes machines à remuer du booty jamais croisée. Sa science du son, énorme et joueur, ses reconstitution de plaisir pur en strates maboules sont clairement prêts à conquérir toutes les foules du Monde, à refiler un orgasme multi et durable à des masses rendues ivres de bonheur.
Ceux qui voudraient découvrir Misteur Valaire, sur disque, avant d’aller s’échauffer les membres, sur scène, ont du bol : les Québécois ont fait « une Radiohead », mettant l’intégralité de leur nouvel album, Golden Bombay, sur le net à prix d’ami –c’est-à-dire au prix que vous voudrez. Ca se passe ici : soyez généreux, on garantit qu’ils vous le rendront bien.
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