Alors qu’il a sorti son troisième album cette année, l’Américain Toro Y Moi passait à Paris pour nous le présenter. Les petits gars de Match ouvraient la danse. C’était hier soir au Cabaret Sauvage. On y était, on raconte.
Si 2010 fut l’année non pas forcément d’un genre musical nouveau, mais du moins d’un nouveau terme pour désigner un certain courant de la pop, alors Toro Y Moi se vit immédiatement placé parmi les principaux représentants de ce mouvement. Ce mouvement, c’est ce que des blogs américains s’empressèrent de nommer la « chillwave ». Qu’on continue ou pas à utiliser l’expression, celle-ci semble bel et bien encadrer, désormais, l’approche d’un certain méli-mélo de sons vaporeux, de voix perchées, d’ambitions sensitives et dansantes. Pionniers du genre, les New-Yorkais d’Animal Collective ouvrirent la voie, tout au long des années 2000, à l’exploration de ces espaces bruitistes, inspirés par la nature et les genres musicaux les plus adaptés à sa compréhension. Bientôt, on vit ainsi toute une scène émerger, sortir la tête de l’eau et se prélasser au soleil, une étiquette « chillwave » collée sur le front.
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Depuis, en deux, trois ans donc, la chute de la chillwave fut annoncée aussi vite que sa découverte, si bien qu’on ne sait parfois plus trop quoi faire de ce terme somme toute assez vague. Fin du buzz ? Microphénomène ? Excitation journalistique ? Peu importe, sans doute, tant qu’on continue d’avoir des nouvelles de ces artistes aux talents cohérents mais variés. L’Américain Chaz Bundick, alias Toro Y Moi, a ainsi sorti son troisième album au début de cette année, et prévu quelques dates qu’on n’avait pas envie de rater. Fin du buzz ? La salle n’est certes pas vraiment pleine, et on croisera quelques personnes très désireuses d’assister à la première partie, au détriment même, peut-être, d’un intérêt sans condition pour Toro Y Moi. Il faut dire que les Parisiens de Match sont de ces groupes qu’on commence à suivre de près. Aperçus récemment aux sélections Inrocks Lab d’Ile-de-France, Match avait charmé avec une formation acoustique aussi belle qu’osée, qui nous fit rêvasser du côté de Local Natives – c’est dire.
Hier soir, la petite bande rebranchait ses amplis, reprenait ses guitares électriques et jouait nerveusement quelques morceaux de leur pop racée. On pense alors à Two Door Cinema Club, à Foals, à Alt-J – que du bon, encore. Ils finiront toutefois une trompette à palettes entre les mains, sur un morceau tout en langueur qui finira de nous déstabiliser. C’est bon, on décolle doucement, Toro Y Moi peut débarquer. Coupe afro, grosses lunettes, Chaz Bundick balance le son. Les nuques et les genoux se détendent. Les corps commencent doucement à se dandiner : cette musique n’est pas que le dérivé pop de l’ambient, ni cette house instrumentale, aux rythmes plus concassés, que certains pourraient croire. Aussi sûr que Washed Out fait dans l’épure, dans l’aérien, Toro Y Moi est dans le chaud, le groove, la vraie danse. Piano lounge, basse funky, samples élastiques : musique d’ascenseur, pourrait-on dire ; ok, mais un ascenseur en verre donnant le vertige, lancé à toute vitesse en direction du ciel ou d’une fièvre infernale. Toro Y Moi n’est pas un projet tout à fait net : peu importe son nom, cette musique reste loin des évidences, et toujours tournée vers l’avenir.
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