Pour sa 14e édition, le festival de la cité phocéenne s’est expatrié à Nîmes. Retour sur trois jours de concerts explosifs avant le grand bal marseillais de ce week-end.
Elle s’appelle Paloma. Elle aime la musique, le jaune et les hot-dogs, vient tout juste de débarquer à Nîmes, après dix années de reports aux calendes grecques (un comble pour une ancienne colonie romaine), et affiche des mensurations de rêve : une salle de mille places surplombée d’un balcon, un club de près quatre cents places, un patio, sept studios de répétition, un studio d’enregistrement, un studio radio, des appartements… Autant dire que, pour qui a connu la (sur)vie culturelle gardoise, poser pour la première fois les yeux sur sa silhouette anguleuse n’est pas moins émouvant que ce le fut pour l’illuminé Roy Neary quand apparut dans son champ de vision le synthétiseur volant de Rencontres du troisième Type. Autant dire aussi que le festival Marsatac, réputé à la fois pour l’explosivité de sa programmation et pour sa difficulté à s’inscrire durablement dans le territoire phocéen qui l’a vu naître, ne pouvait trouver pour sa quatorzième édition partenaire plus solide que cette dernière récipiendaire du label Scène de Musiques Actuelles. Trois jours de nouba aux airs de prolongation d’inauguration ont achevé de nous en convaincre.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Et à voir la générosité dont ont fait montre la plupart des invités, à l’exception notable de Woodkid, auteur d’un concert plutôt mollasson, nous n’avons pas été les seuls. On pense plus particulièrement au dubstep prodigy Skream, qui avec la complicité de DJ Kentaro, des Foreign Beggars et d’une quinzaine de spectateurs privilégiés, a conclu un set en forme de génocide d’animaux fouisseurs par une petite private party à même la scène. On pense aussi au duo bordelais Kap Bambino, dont la prestation, punk en diable, a fait transpirer la jeunesse locale (grimée pour l’occasion en amérindiens, en lapins ou en Captain America) plus sûrement qu’une séance de fractionné en pleine garrigue. On pense au Klub des Loosers et à sa misanthropie communicative (c’est beau, une foule qui crie « baise les gens »), à C2C, à sa black music dispersée façon puzzle et à son hommage à Adam Yauch, à Breakbot et son électro funk d’une sensualité à faire passer Barry White pour un légionnaire en permission, au duo franco-britannique Jupiter et à sa disco acidulée, à Busy P, à Simian Mobile Disco, à Para One… Autant de big names face auxquels les héros locaux, à savoir Set&Match (on devrait très vite reparler de ce trio de rappeurs décontractés du gland) et Joris Delacroix (son mix est l’un des plus classieux que l’on ait entendu cette année) n’ont pas démérité.
Rendez-vous ce week-end pour l’étape marseillaise de l’événement, supérieure question starpower : programmée du 27 au 29 septembre aux Docks des Suds, elle accueillera entre autres El-P, Nathan Fake, James Holden, James Murphy, 2 Many DJ’s et De La Soul.
{"type":"Banniere-Basse"}